Lalla fut une grand yoginî, un maître shivaïte. Elle est aussi considérée comme une sainte par les musulmans.
Le livre, dédié à la mémoire de Lilian Silburn, présente l’expérience directe de l’Absoluité :

-« Que contiennent donc les quatrains égrenés par la yoginî errante au fil des chemins ? Ils n’évoquent jamais les conditions de vie difficiles qui durent être les siennes. Ils ne se tiennent pas à des remarques de bon sens ou de morale courante, comme tant d’autres poèmes à l’époque. Ils ne dispensent pas un enseignement philosophique argumenté. Ils ne constituent pas non plus l’épanchement d’un mysticisme sentimental confus. Ils disent, en un style dense, la vie mystique véritable, ce qui est tout autre chose. Ils témoignent d’une expérience intérieure de toute intensité, riche, achevée, maîtrisée, l’accomplissement même que les Traités présentent comme but ultime. Les dits de Lalla jaillissent de cette merveilleuse réalisation intime qui imprègne toute l’existence et transfigure le monde. »

Tue le désir et discerne l’Essence ici même.
La connaître est de grand prix ; abandonne
Tes chimères.
Elle est de toit si proche, ne va pas chercher plus loin.
Dans le Vide un vide s’est absorbé.

Celui qui considère autrui et soi-même comme égaux.
Celui pour qui le jour et la nuit sont semblables
Et dont la pensée est libre de dualité,
Celui-là seul a vraiment vu le Souverain des dieux.

Tout acte que j’accomplis est un culte rendu,
Toute parole que je prononce, un mantra,
Tout ce que je vis en mon corps relève
de cette Reconnaissance :
Cela, tout cela, c’est le tantra du Suprême Shiva.

Les commentaires très techniques de Marinette Bruno permettent d’appréhender le lien entre poétique et pratique. Mais c’est de l’immédiat, où tout est ascèse, tout est poésie, tout est magie et tout est éveil, que nous entretiennent les quatrains. Lalla suggère l’ineffable, l’indicible, elle indique la non-voie.

Qui est le donateur de fleurs et qui, la donatrice ?
Quelles fleurs comme culte lui offrir ?
Avec quelle eau effectuer l’aspersion ?
Et quel mantra éveillera ce Seigneur, le Soi ?
L’esprit est le donateur et l’ardeur, la donatrice.
Les fleurs de l’adoration composent le culte à lui offrir.
Le nectar de la lune est l’eau de l’aspersion,
Le mantra du Silence est celui qui éveille ce Seigneur, le Soi.

texte: Le Crocodile, https://lettreducrocodile.over-blog.net/

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