Le christianisme transcendant du Régime Ecossais Rectifié

Dès sa parution, ce livre a suscité quelques réticences ou des réserves, très probablement par des personnes qui n’avaient pas pris le temps de le lire. Or, ce livre, l’un des meilleurs de l’auteur, est une magnifique opportunité de penser le christianisme du Régime ou Rite Ecossais Rectifié, ou les christianismes.

Jean-Marc Vivenza en identifie deux, l’un commun à l’époque de la construction du RER, l’autre né de la rencontre avec la doctrine de la Réintégration de Martinès de Pasqually, fondateur de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers dont, Jean-Baptiste Willermoz, architecte du RER, et Louis-Claude de Saint-Martin furent deux membres éminents.

L’ouvrage bénéficie des travaux antérieurs de l’auteur et d’une méthode de commentaires très étayés qui permet au lecteur de construire sa propre pensée, sa propre expérience chrétienne. Il ne s’agit pas d’être d’accord ou non avec les propositions de Jean-Marc Vivenza (le procès initiatique conduit au-delà des polarités tort ou raison) mais de se servir de celles-ci pour clarifier son propre rapport au christianisme, sa pratique et approfondir, approfondir, approfondir…

Examinons la structure du livre :

Première partie : Le « christianisme » du Régime Ecossais Rectifié révélé. Chapitre I : La double nature du « christianisme » propre au Régime Écossais Rectifié – Chapitre II : Originalité du christianisme du Régime Écossais Rectifié – Chapitre III : Le Régime Rectifié est « chrétien », mais relève selon Jean-Baptiste Willermoz d’un christianisme dont les vérités ont été « perdues » par l’Église depuis le VIe siècle – Chapitre IV : Le but véritable poursuivi par Jean-Baptiste Willermoz lors de la constitution du Régime Écossais Rectifié – Chapitre V : La double stratégie initiatique du Régime Écossais Rectifié, afin d’accéder au noyau doctrinal désigné sous le nom de « Sanctuaire ».

Deuxième partie : Origine et mystères du « christianisme transcendant ». Chapitre VI : Le « christianisme transcendant » et les enseignements cachés de la « doctrine initiatique » – Chapitre VII : La « science divine » du « christianisme transcendant » Chapitre VIII : Le « christianisme transcendant » et les mystères de la théosophie chrétienne – Chapitre IX : Le « christianisme transcendant » et son rattachement à la « religion éternelle » – Chapitre X : Le « christianisme transcendant »,  né depuis l’aube des temps dans le silence, le mystère et le secret, incarne la forme concrète capable de conduire l’âme jusqu’à la « révélation de la Révélation ».

Conclusion : Le but du Régime Rectifié est de travailler au rétablissement de la religion chrétienne primitive.

Jean-Marc Vivenza cherche à cerner la nature chrétienne du RER des origines en définissant un « christianisme transcendant » (formule de Joseph de Maistre), né à la croisée du judaïsme ésotérique de Martinès de Pasqually, un courant parallèle à la kabbale disait Robert Amadou, et de certains gnosticismes des premiers siècles, notamment valentiniens. L’idée d’une doctrine originale, secrète, à découvrir et mettre en œuvre, est centrale dans le RER. Jean-Marc Vivenza insiste justement pour que l’on ne s’en tienne pas à la forme chrétienne communément partagée pour accéder, au-delà du dogme à quelques vérités essentielles.

Nous retrouvons l’idée d’une doctrine secrète, le principe d’un « Haut et Saint Ordre » qui dépassent les dogmes et les organisations et le rappel d’une initiation directe par et en le Saint Esprit, enseignée par le Christ.

« Les fondateurs de l’ordre, conclut Jean-Marc Vivenza, souhaitèrent revenir à une religion de la relation immédiate avec la « Transcendance ».

Le grand mérite de ce livre est de rassembler une matière accessible pour s’emparer de la doctrine de la Réintégration conservée, préservée dans le RER et pour commencer à penser, ou repenser, sa mise en œuvre. Car sans cette mise en œuvre, qui ne saurait être figée dans une forme quelconque, vaine est la doctrine. Il invite par sa construction, incite par son propos, à se porter au-delà des formes religieuses admises, à explorer les hétérodoxies et les traverser, pour approcher ou saisir un culte primitif, mystérique, intemporel, indicible, ineffable et pourtant totalement présent.

Source : La lettre du Crocodile

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