Stephan Hoebeeck nous offre une magnifique édition couleur du célèbre ouvrage de Francis Barrett. Le titre complet en est : Le Mage, ou comment s’informer auprès des sphères célestes qui est un système complet d’occulte philosophie en trois livres.
La première édition date de 1801, c’est cette édition originale qui est reprise par Amici Librorum, augmentée de deux appendices : un manuscrit de Francis Barrett consacré à la pratique du cristal magique, conservé à la Welcome Library et un autre texte de la Welcome, Talismans & images magiques créés à partir des vingt-huit Mansions de la Lune, peut-être de la main même de Barrett.
Francis Barrett est né entre 1770 et 1780 et décédé après 1802. Nous savons peu de chose de sa vie et de sa disparition. Francis King tenta d’établir sa biographie, elle reste très incomplète. S’il fut un pionnier des voyages en ballon à hydrogène, il s’intéressa manifestement aux écrits traditionnels et occultistes puisque son livre puise largement chez Agrippa mais aussi, souligne Stephan Hoebeeck, dans la tradition des grimoires. Son livre annonce et inaugure le renouveau de l’occultisme en Grande Bretagne.
Stephan Hoebeeck situe pour nous l’importance de ce livre :
« Le Magus s’inscrit dans un quadruple cadre :
- - philosophique, dans le prolongement du De Occulta philosophia libri tres de Henri Corneille-Agrippa ;
- - magique avec l’utilisation des grimoires, comme L’Heptameron ;
- - alchimique dans l’esprit de Paracelse et de Van Helmont ;
- - intérieur, à travers l’influence d’auteurs comme Georg von Welling. »
Nous voyons que le modèle de Francis Barrett fait appel à des disciplines classiques des sociétés hermétistes et perdure de nos jours dans certains cénacles qui étudient et pratiquent la magie.
Francis Barrett a nécessairement fourni un énorme travail de recherches, de compilations et d’analyses pour rédiger ce gros volume, aux illustrations très soignées. Il introduit ainsi son projet :
« Dans cet ouvrage, que nous avons écrit principalement pour informer ceux qui sont curieux et infatigables dans leurs recherches sur les connaissances occultes ; nous avons, à force de travail et de dépenses, tant en temps qu’en frais, rassemblé tout ce qui peut être considéré comme curieux et rare en ce qui concerne le sujet de nos spéculations en Magie Naturelle – Cabale – Magie Céleste et Cérémonielle – Alchimie – et Magnétisme… »
Mais, l’ouvrage n’est pas un cabinet de curiosités mis en livre, Francis Barrett dit vouloir aider ceux qui veulent s’engager avec sérieux dans la pratique. L’ouvrage est organisé en trois livres mais, à part le troisième livre qui rassemble des biographies de personnalités comme Hermès, Aristote, Roger Bacon, Raymond Lulle, John Dee et autres, l’organisation des deux premiers livres est loin d’être claire. Depuis son édition, de nombreux travaux permettent de jeter d’autres regards sur les très nombreux thèmes abordés cependant, malgré les critiques nombreuses portées sur ce livre, il reste une référence par l’ambiance occultiste qu’il véhicule et par son orientation. Si Francis Barrett survole de nombreux sujets, s’il commet des erreurs, ordinaires à l’époque, il prend réellement en compte la complexité des sujets et rappelle l’indispensable distance à maintenir pour qui veut s’engager dans les voies ou expérimentations présentées avec plus ou moins de profondeur. Surtout, il ne manque pas d’intuition quant à ce qui est essentiel, ni de connaissance de certains aspects peu usités.
« Lorsque ton âme, dit-il à son lecteur, sera enivrée par le nectar ambrosiaque divin, alors ton entendement sera plus clair que le soleil de midi ; alors, avec ton œil intellectuel fort et spiritualisé, tu verras dans le grand trésor de la Nature, et tu loueras Dieu de tout ton cœur ; alors tu verras la folie du monde et tu accompliras infailliblement ton désir, et tu possèderas la vraie pierre des Philosophes, au profit de ton prochain. Je dis que tu le verras de manière visible et sensible, selon tes facultés corporelles – non pas de manière imaginaire, non pas de manière trompeuse, mais réelle. »
Source: La lettre du crocodile