Avec ce troisième tome, Jean-François Var clôt son cycle de recherches sur le Régime Ecossais Rectifié. Les deux premiers volumes abordaient la doctrine et les spécificités de l’enseignement véhiculé par le RER, cette fois il s’intéresse à son histoire, sa construction et ses sources, ce qui n’empêche pas des apports doctrinaux.
Il mêle considérations personnelles, nées d’une vie consacrée au RER, au martinisme en général, au christianisme et apports historiques documentés.
Le plus important peut-être réside dans l’identification des sources : le martinézisme, source première du RER et le templarisme de la Stricte Obervance Templière, une double matrice dont la réalité historique est établie mais que certains rejettent encore.
Jean-François Var développe longuement la présentation de ces deux sources en s’appuyant sur des documents, lettres, rituels, ou autres. Ces développements permettent de mieux saisir et la nature et la finalité du Régime Ecossais Rectifié tel que Jean-Baptiste Willermoz a pu l’envisager et le penser peu à peu. Deux grandes difficultés se présentent à nous : un risque de projection de nos croyances, critères, valeurs, interprétations du monde et idiosyncrasies sur une période, le XVIIIème siècle, que nous croyons familière mais qui nous reste en grande partie étrangère malgré les nombreuses études réalisées et, a contrario, un risque de fixation du processus initiatique du RER dans son histoire, réelle ou supposée.
Jean-François Var veut nous parler d’un RER vivant à travers les sources historiques qui l’ont dessiné et l’ont conduit jusqu’à ce début de millénaire. Cette aventure exceptionnelle dépasse le simple cadre maçonnique pour approcher l’essentiel de l’initiation. En rappelant à plusieurs reprises et de diverses manières, la place et l’importance de la Profession et de la Grande Profession pour saisir toute la profondeur et l’orientation du RER, il démontre que la réintégration en est l’unique objet.
Dans un épilogue, Jean-François Var dit quel est selon lui l’essentiel avec un retour à Saint-Martin et à travers lui, par la prière et l’amour, au Christ comme principe. Il rappelle l’importance des mystères qu’il oppose à une métaphysique qu’il ne voit que conceptuelle, ce qui est une erreur.
Les très nombreux documents rassemblés dans ce livre, certains jusqu’alors peu accessibles, et les commentaires de l’auteur, contribuent une fois encore à la compréhension du RER, rite maçonnique chrétien qui tient une place essentielle, et en même temps à part, sur la scène ésotérique européenne. En contribuant à la saisie de sa nature et de son objet, Jean-François Var participe à l’assurance de son futur.
Source: La Lettre du Crocodile