Avec ce livre, nous touchons l’enseignement ultime de Nisargadatta. Les paroles rassemblées datent de la dernière année de sa vie alors qu’il visait la non-dualité de la manière la plus directe qui soit, de la manière la plus foudroyante.
Aucune adaptation à l’interlocuteur, aucune volonté pédagogique, Nisargadatta ne quitte jamais le Réel, le Rien, de vue. Ses paroles n’appellent pas le commentaire, au contraire, elles tranchent celui-ci, ni avant, ni après, pour ouvrir l’intervalle sur le Réel.
La base de l’enseignement de Nisargadatta réside dans la compréhension qu’il n’y a pas d’individu.
Saisir la nature de la conscience permet de comprendre que nous ne sommes pas la conscience.
Cependant dit-il, « Tout ce qui est compris, tout ce qui est vue n’est pas vrai. ».
Sans commentaire :
« « Je suis » est Présence. Cette Présence du « Je suis » ne devrait pas être là. Seul le non-« Je suis » peut rencontrer ce rien. »
« Une fois que vous comprenez que vous n’êtes pas le corps, que vous n’êtes pas enveloppé dans le nom et la forme, et que vous êtes seulement le Brahman manifesté, vous êtes libre. »
« C’est la connaissance qui est le problème, la source de tous les problèmes. En l’absence de connaissance, de cette conscience, où est la question de la misère, de la douleur ou du plaisir ? » « Lorsque les personnes expérimentées spirituellement viennent ici, elles entrent dans un dialogue juste pour se divertir. Dans le véritable état, rien n’est. Tout ce discours spirituel n’est que du jargon spirituel. Vous pouvez parler dans le monde aux masses ignorantes ; vous pouvez leur transmettre n’importe quel concept. »
« J’ai perçu ce qui est et aussi ce qui n’est pas ; et quand les deux, ce qui est et ce qui n’est pas, ont disparu, alors ce qui reste est « Je » ; je ne suis certainement pas la présence et même pas la présence de l’absence. »
Chaque parole de Nisargadatta est énoncée dans la pleine conscience que le langage est impuissant à évoquer ce dont il parle :
« Quoi que je dise, vous devez le percevoir sans le filtre des mots. Car, si nous acceptons les mots, que se passe-t-il ? Sur la base des mots, nous créons un concept ; et ensuite, sur la base de ce même concept, nous l’acceptons pour ce que nous sommes. Ainsi nous créons une image basée sur un certain concept à partir des mots que nous pensons entendre. Mais ce n’est pas la connaissance, jnâna. Seul ce qui est directement perçu est de la connaissance. »
« Dans la vie mondaine, précise-t-il, avec le pouvoir de l’argent, on peut tout acheter. De même, en faisant le don de soi, on obtient l’état de Brahman ; et quand on fait don de l’état de Brahman, on obtient celui de Parabrahman. Dans le premier état, vous devenez la conscience manifestée ; dans le second ou dernier état, vous abandonnez totalement la conscience. A la fin du processus, vous êtes le Parabrahman. »
« L’état absolu est antérieur à la conscience ; il signifie l’état de non-né. Puisque le Parabrahman ne se connaît pas lui-même – « que c’est ». Mes mots ne sont ancrés que dans l’Absolu. Vous devez être capable d’en déduire une quelconque signification. »
On imagine très bien Nisargadatta feuilletant cet ouvrage et s’exclamant avec son humour habituel : « Je n’ai jamais dit ça, vous l’avez peut-être entendu mais je ne l’ai jamais dit. ».
« La maladie n’a ni nom ni forme ; elle n’a pas de véritable fondement, car le « je suis » est aussi une illusion. Il faut donc essayer de comprendre de cette façon : « Quel est mon vrai sens ? » Aucun mot ne peut saisir ou capturer votre véritable sens. Vous ne pouvez jamais être assimilé à un mot, car vous êtes avant les mots. Les mots sont ultérieurs à vous. »
Source: La lettre du crocodile