Dans leur avant-propos, Laurence Le Bras et Emmanuel Guy rappelle au lecteur quelques évidences à propos des débats stériles sur la récupération de Debord :
« La révolution, qu’on la souhaite ou non, a peu de chance d’advenir si l’on oublie qu’elle est d’abord un conflit, et donc une dialectique où, de part et d’autre, malgré des fins diamétralement opposées, les moyens ont suffisamment en commun pour pouvoir effectivement s’affronter.
Ainsi le devenir patrimonial de Debord pouvait être envisagé comme une phase de ce conflit, et analysé comme telle. Chaque révolution est à réinventer à partir d’une analyse critique de celles qui ont précédé et de ceux qui les ont menées : alors il est crucial que les documents témoignant des luttes passées soient à la disposition de tous. »
Cet ouvrage est à inscrire dans la continuité du colloque « Lire Debord » de 2013 qui accompagnait l’exposition Guy Debord. Un art de la guerre ».
On entend Lire Debord, poursuivent Laurence Le Bras et Emmanuel Guy, pour ce qu’il fut : un poète, un cinéaste, un théoricien marxiste, un révolutionnaire. Il ne s’agit donc pas ici de « lire » le personnage, de fouiller et d’interpréter sa biographie pour y trouver on ne sait quelle clé – si tant est qu’une telle chose fût effectivement possible, pour ne pas dire souhaitable. Il y a déjà beaucoup à faire avec son œuvre même, et les sources de son élaboration. »
Avec ces inédits, le lecteur constate que Guy Debord ne perd jamais de vue sa cible, la Société du spectacle, qu’il faut entendre au-delà de l’acception courante jusqu’à l’apparaître lui-même. Que cela soit Bases politiques de mai 1963 – Mai 88, Du couple en milieu pro-situ – Notes pour un ouvrage sur la Fronde – Notes pour la préparation des films La société du spectacle in girum imus nocte et consumimur igni – Projet de dictionnaire ou Notes pour le projet « Apologie », Guy Debord avance tantôt directement tantôt en serpentant, vers une cible qui sait se métamorphoser tant par nature que par construction.
L’ensemble d’articles, souvent érudits, entourant ces inédits permet de replacer les écrits dans un contexte complexe. Ils témoignent aussi de la permanence et de l’actualité de Guy Debord, plus que jamais indispensable.