Quelques chercheurs, et cherchants, d'obédiences diverses et parfois même inattendues, jettent toutes leurs forces, parfois même leurs dernières forces, dans un combat âpre et difficile pour sortir la franc-maçonnerie du processus de profanation dans laquelle elle est entrée il y a fort longtemps mais dans lequel elle semble aujourd'hui se complaire. Ceux-là refusent que la franc-maçonnerie ne soit plus qu'une coquille vide et s'emploient à ce que le qualificatif d'initiatique puisse encore être apposé à son nom et s'appliquer au travail des Loges. Irène Mainguy fait partie de ces rares chercheurs à la fois soucieux de l'histoire et de la tradition maçonnique, c'est-à-dire d'opérativité. Son livre, La Symbolique maçonnique du troisième millénaire, nous est précieux car cette nouvelle symbolique qu'appelait déjà de ces vúux Jules Boucher n'est nouvelle que parce que très ancienne. Irène Mainguy, pour refondre la symbolique maçonnique, a renoué avec l'Esprit pour mieux lui donner une nouvelle Lettre.
Ce travail érudit, précis, "enseigneur", est non seulement destiné à l'indispensable instruction maçonnique, mais aussi à la rectification de deux siècles d'approximation et d'éloignement progressif des sources et influences traditionnelles. Chacun saura apprécier dans cette double perspective ces quelques mots d'Irène Mainguy :
"Contrairement à certains préjugés, il n'est pas indispensable d'être bardé de diplômes ou d'avoir une formation universitaire pour entreprendre un chemin initiatique. Bien souvent à l'inverse, moins l'esprit est déformé ou formaté par un savoir purement profane, plus il a d'aptitude pour progresser.
René Guilly concluait dans une de ses études :toute la symbolique maçonnique usée par près de deux cents ans d'inexactitudes, d'à-peu-près et d'erreurs caractérisées et contradictoires, est aujourd'hui à réviser entièrement à la lumière des textes anciens et des véritables enseignements traditionnels de notre Ordre. Que cela plaise ou non, il faudra bien y venir si nous voulons survivre sur le plan spirituel, et le plus tôt, pensons-nous, sera le mieux.
La Franc-Maçonnerie est avant toute chose adogmatique. Elle donne à réfléchir par la pratique de ses rites et l'intermédiaire des symboles qu'elle offre à la méditation de chacun. Elle propose d'approfondir les grandes lois du cosmos, de discerner le positif du négatif et de rechercher la voie du juste milieu en toutes choses. C'est dans la profondeur cachée de notre être, du fonds du puits de notre inconnaissance, qu'émergera et s'ouvrira notre conscience à la lumière, en toute liberté, progressivement.
Nous souhaitons de tout cúur que cet ouvrage permette à beaucoup de progresser dans cette voie et avec René Guénon, réconfortons : ceux qui seraient tentés de céder au découragement, ils doivent penser que rien de ce qui est accompli dans cet ordre ne peut jamais être perdu, que le désordre, l'erreur et l'obscurité ne peuvent l'emporter qu'en apparence et d'une façon toute momentanée, que tous les déséquilibres partiels et transitoires doivent nécessairement concourir au grand équilibre total, et que rien ne saurait prévaloir finalement contre la puissance de la vérité ; leur devise pourrait être celle qu'avaient adoptée autrefois certaines organisations initiatiques de l'Occident : Vincit omnia Veritas."
A une époque où la plupart des esprits véritablement traditionnels considèrent la franc-maçonnerie comme apocryphe (déjà Martinès de Pasqually en son temps...) et définitivement incapable de servir la Queste, l'ouvrage d'Irène Mainguy maintient un mince espoir. Ce livre est une opportunité pour les francs-maçons. Voudront-ils la saisir ? Eux qui apprécient peu qu'on leur rappelle le travail à accomplir.