Lettres sur la Sagesse. Louis-Claude de Saint-Martin

Correspondance avec Nicolas Antoine Kirschberger 1792-1799

Première édition complète établie et présentée par Dominique Clairembault

C’est un remarquable et considérable travail, relevant parfois de l’enquête, qui a permis à Dominique Clairembault de rassembler, remises en leurs contextes, trois correspondances de Louis-Claude de Saint-Martin, la plus importante étant celle avec Nicolas Antoine Kirchberger. 

Leurs échanges soutenus se situent au cœur de la dialectique entre l’externe et l’interne et précisent grandement la nature et la constitution de la théosophie saint-martinienne.

« Cette correspondance possède une rare particularité, nous indique Dominique Clairembault, celle de proposer les lettres des deux épistoliers. Le premier, Nicolas Antoine Kirchberger, poussé par un désir ardent de connaître et de s’instruire dans les sciences divines, cherchant auprès de son correspondant un moyen d’accéder à la sagesse le questionne sur la théurgie et l’utilité des manifestations spirituelles extérieures. Le second, Louis-Claude de Saint-Martin, lui expose combien la voie intérieure permet de cheminer plus sûrement. L’initiation, la théurgie, la science des nombres, la franc-maçonnerie, Cagliostro, l’Ecole du Nord, la théosophie de Jacob Boehme, occupent une place importante dans leurs échanges. »

Dans son introduction, Dominique Clairembault établit les différents contextes dans lequel s’inscrit la correspondance, historiques, culturels, initiatiques et les enjeux, difficiles à identifier plus de deux siècles plus tard, au sein du mouvement illuministe de l’époque.

Cette correspondance, plutôt méconnue et non exploitée, est d’un grand intérêt. Elle témoigne de l’évolution de la pensée de Louis-Claude de Saint-Martin, notamment vers Böhme et la Sophia, et fait miroir à ses écrits. Publiée pour la première fois en sa totalité, commentée et annotée, elle offre non seulement un intérêt littéraire mais véhicule également un enseignement, souvent interrogé par Kirchberger. L’appareil de notes, conséquent mais qui ne surcharge pas l’ouvrage, permet au lecteur de saisir les subtilités de références qui nous échapperaient aujourd’hui.

Par ailleurs, le nombre important des lettres, près de 150, sur une période de sept années, permet d’approcher la vie des deux épistoliers, à la fois dans leurs quotidiens et dans leurs quêtes respectives. C’est une véritable relation spirituelle qui apparaît dans les lettres malgré des regards et des expériences différentes, parfois opposées. Certes, la pensée de Louis-Claude de Saint-Martin s’affirme de manière beaucoup plus élaborée, établie, orientée. Il se montre souvent critique ou réservé envers d’autres auteurs et acteurs de la scène ésotérique européenne, Cagliostro bien sûr, mais aussi Eckartshausen, entre autres. Il apparaît au fil des lettres que Kirchberger ne saisit pas la profondeur de la pensée de Saint-Martin malgré la bonne volonté de ce dernier qui explique et réexplique mais Kirchberger a-t-il envie d’entendre ?

En complément de cette correspondance, indispensable pour l’étude de la pensée du Philosophe Inconnu, nous trouvons deux correspondances intéressantes, moins volumineuses, celle avec la famille Effinger en 1799-1800 et celle avec Louis-Gabriel Lanjuinais en 1803.

Grâce à ce livre magistral, notre « Philosophe » reste « Inconnu » mais un peu moins et c’est heureux.

Source : La Lettre du Crocodile

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