Stephen Meyer est docteur en philosophie des sciences de l’université de Cambridge. Il a fondé le Centre pour la science et la culture de Seattle qui poursuit des recherches sur le sujet « Dieu et la science ». Cette somme rassemble et interroge les observations et les expériences scientifiques qui permettent de poser, et peut-être valider, l’hypothèse Dieu.
Dans le prologue, Stephen Meyer évoque « trois découvertes scientifiques clés qui, selon moi, soutenaient conjointement la croyance théiste – ce que j’appelle le « retour de l’hypothèse Dieu » : (1) des preuves venant de la cosmologie suggérant que l’univers matériel a eu un commencement ; (2) des preuves venant de la physique montrant que, depuis le tout début, l’Univers avait été « finement réglé » pour permettre la possibilité de la vie et aussi (3) des preuves venant de la biologie établissant que, depuis le tout début, de grandes quantités de nouvelles informations génétiques fonctionnelles sont apparues dans notre biosphère pour rendre possibles de nouvelles formes de vie et impliquent une activité provenant d’une intelligence créatrice. »
Il ajoute que les contre-arguments des scientifiques matérialistes ne font finalement, après analyse, que renforcer son hypothèse.
Dans une première partie, il retrace « l’ascension et la chute de la science compatible avec la foi ». L’irruption du matérialisme scientifique et son poids grandissant ont offert un nouveau cadre à la question des rapports entre science et religion. Le postulat de l’existence de Dieu s’est peu à peu effacé. Beaucoup de scientifiques ont opposé la science à toute approche théiste, d’autres ont accordé une neutralité à la science quand quelques-uns continuaient à vouloir soutenir l’hypothèse Dieu par les observations scientifiques.
Le retour de l’hypothèse Dieu, développée dans la deuxième partie du livre, fut lent et s’élabora au fil des découvertes scientifiques du siècle dernier dans des domaines scientifiques fort divers, de l’ADN à la cosmologie en passant par le niveau informationnel. Stephen Meyer présente les découvertes qui concourent au renouvellement de l’hypothèse, les replaçant dans leurs contextes, dans leurs référentiels scientifiques et en les interrogeant, particulièrement l’énigme de l’ADN ou la question, complexe, du « réglage fin de l’univers ».
La troisième partie pose la question de la meilleure explication métaphysique, avec cette difficulté majeure : comment évaluer une métaphysique ? Stephen Meyer reprend ainsi les découvertes scientifiques majeures déjà présentées pour estimer en quoi elles permettent de croire en Dieu ou en un dessein intelligent. Il recherche un modèle métaphysique dans lequel inscrire ces découvertes.
« En d’autres termes, ajoute-t-il, même si nous ne pouvons pas prouver l’existence de Dieu avec une certitude absolue, nous pouvons avoir de meilleures raisons d’affirmer une vision théiste de la « nature de la nature » et de la « réalité primordiale » plutôt que d’affirmer bien d’autres systèmes de pensée métaphysiques. »
La quatrième partie de l’ouvrage est consacrée aux spéculations et réfutations car, dit-il, « il est impossible d’évaluer un argument sans évaluer les contre-arguments ». Nous mesurons alors les effets délétères des idéologies scientifiques, des préjugés, des tautologies et du manque de connaissance de son propre fonctionnement cognitif sur la recherche et la pensée.
Justement, Stephen Meyer, avec ce livre passionnant, cherche moins à nous convaincre qu’à nous faire penser en toute liberté. Le retour de « l’hypothèse Dieu » génère de multiples ouvertures pour la science et la philosophie. Il s’agit, au cœur de la démarche, de la question du sens qui trouve dans cette hypothèse un paradigme vaste et une orientation créatrice de nouveaux possibles. L’affaire n’est pas close et il est probable qu’elle ne le soit jamais mais le mouvement des savoirs, scientifiques comme métaphysiques, ne peut que s’enrichir de telles explorations des zones frontières de la recherche.
Source: La lettre du crocodile