Dans un avant-propos Colette Roumanoff retrace rapidement le parcours de vie de Daniel Roumanoff et l’histoire de sa relation spirituelle avec Svâmi Prajnânpâd afin de situer le contexte des six entretiens particuliers transcrits dans ce livre. Ces six entretiens furent enregistrés en 1972, soit deux ans avant le décès de Prajnânpâd.

En introduction, nous trouvons un texte de Daniel Roumanoff, rédigé en 1986, présentant le chemin proposé par Prajnânpâd : le point de départ, une émotion fruit de la séparation, le style, parfois percutant, le fond, la non-séparation, la priorité, le ressenti, l’ici et maintenant, seule actualité, seule réalité, le chemin de la dualité à la non-dualité.

Les six entretiens s’intitulent : « Vouloir la vérité », « Ne faites jamais rien par obligation », « Du bon usage des émotions », « Des repères et des critères pour l’action », « Rendre la vie quotidienne fluide », « Accomplir le présent avec une attention consciente ». Les échanges sont rapides. Les paroles de Prajnânpâd, souvent brèves, visent toujours l’essentiel. Exemple :

« D : Il est donc inutile, dans un sens, d’essayer de trouver l’occasion d’enseigner. Cela viendra tout seul.

S : Cela viendra tout seul.

D : Quand le moment sera venu ?

S : Il viendra de lui-même. Vous devez donc attendre et voir, et laisser le temps mûrir. Oui, que le moment soit venu, que les circonstances soient mûres.

D : En fait, c’est la règle du progrès. Il suffit d’attendre que l’étape dans laquelle on se trouve soit terminée. Alors on peut aller plus loin.

S : C’est la croissance. Mécaniquement, vous repoussez le sol en arrière pour avancer. Dans la croissance, il n’y a pas de rejet. 

D : Oui, on est poussé en avant.

S : Oui, voyez-vous cela ?

D : La condition actuelle ne peut pas durer et on va de l’avant.

S : Oui. C’est cela la véritable croissance. Dire « Je vais grandir, je vais grandir », c’est absurde !

D : Accomplir le présent.

S : Accomplissez le présent pleinement et alors la croissance est inévitable. Sinon cette croissance apparente sera fausse. »

Outre les échanges, qui aboutissent à une convergence silencieuse, Prajnânpâd raconte des histoires parfois sans lien apparent avec le sujet abordé. Elles fonctionnent comme des métaphores profondes, sous le seuil de la conscience.

Le livre est à la fois personnel, seulement en apparence, Daniel Roumanoff part de son ressenti, de son émotion, et impersonnel, Prajnânpâd met en évidence des processus et en œuvre des « stops » pour permettre le jaillissement. C’est spontané et cependant subtilement très technique, de cette « technique » qui naît seulement de la spontanéité, de l’inscription totale dans le présent.

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