Comment passer du profane au sacré ?

Afin d’éviter les pièges dualistes rencontrés quand nous traitons d’une opposition véhiculée par le langage, Solange Sudarskis met en œuvre l’art traditionnel du questionnement successif pour traiter le sujet sans nécessairement apporter des réponses qui figeraient ce qui reste un processus d’approfondissement. Elle évite ainsi de mettre sur le même niveau logique les deux notions en opposition apparente pour rendre au couple son dynamisme qui apparaît par exemple dans la notion de hiérophanie « l’irruption du sacré dans le monde profane ».

Elle explore ce que l’étymologie peut nous dire de l’initiation comme de la tradition au travers des rapports entre profanes et sacrés avant de poser la question : « Par quoi est produit le sacré en loge ? », question qui fonde le rite mais qui pourtant est largement ignorée. Pour développer cette question, elle reprend la distinction fonctionnelle entre mythes, mythèmes et archétypes.

Solange Sudarskis s’intéresse ensuite aux séparations et à ce qui sépare au sein du rite ou par le rite. « Les rituels maçonniques dit-elle, engendrent des lieux et des temps dans lesquels la symbolique du grade est mise en œuvre. Ces engendrements sont autant de séparations d’avec la profanité. Le sacré est donc un postulat puisque c’est le rituel qui le décrète, il est aussi un sentiment éprouvé par l’adhésion du groupe à ce postulat. »

« Le sacré est diffus, en loge, remarque-t-elle, à travers de nombreux éléments. Mais les limites visibles et invisibles qui séparent ce qui est permis de ce qui est interdit instaurent cette séparation de manière fractale. »

Elle envisage plusieurs acteurs de sacralisation : pavé mosaïque, tapis de loge, autel des serments, équerre et compas entrecroisés, planches à tracer, mise à l’ordre, etc. pour poser cette question essentielle qui comporte une réponse : « L’être n’est-il pas le vrai lieu du sacré ? », le silence en étant son écrin.

Source: La lettre du crocodile 

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