Avant de devenir un mythe et peut-être une fonction initiatique, les Compagnons de la Hiérophanie furent un groupe et un mouvement composé de personnalités fortes qui animèrent à la fin du XIXe siècle la scène ésotérique.
L’ouvrage de Victor-Emile Michelet (1861-1938), publié initialement chez Dorbon-Aîné, demeure un témoignage inestimable même si de nombreux travaux, notamment ceux de Serge Caillet, nous permettent aujourd’hui de mieux connaître les protagonistes et les enjeux de cette époque.
Nous sommes ici aux origines du mouvement occultiste qui prit forme dans une fin de siècle riche d’explorations nouvelles. Bien entendu, ce mouvement n’est pas né de rien, il est aussi héritier de traditions diverses.
Victor-Emile Michelet côtoie la plupart des acteurs de ce mouvement évoqués dans le livre. Ils sont écrivains, artistes, occultistes. Ils ont pour nom : Stanislas de Guaita, Papus, Paul Adam, Péladan, Edmond Bailly, Barlet, Albert Poisson, Albert Jounet, Paul Sédir, Marc Haven, Éliphas Lévi, Saint-Yves d’Alveydre et autres. Nous croisons également Mallarmé, Rops, Debussy, Odilon Redon ou encore Maître Philippe.
Il n’y a dans le témoignage de Victor-Emile Michelet aucun souci bibliographique. Il rend compte des relations entre ces personnalités complexes et de ce qui les caractérise. Contrairement au travail de l’historien qui travaille non sur la réalité mais sur des documents qui évoquent la réalité, Victor-Emile Michelet nous parle de son expérience, conscient de cette subjectivité vivante indispensable à la créativité.
« Ceux dont je parlerai, écrit-il en avant-propos, auront-ils laissé un souvenir ardent ? Ils sont presque tous morts jeunes encore, ayant courageusement tenu le flambeau qui sera transmis à ceux qui viendront. Certains d’entre eux ont écrit des pages aujourd’hui classiques dans le genre, au dire des esprits compétents. Quel fut le rayonnement de leur influence ? Il est encore trop tôt pour le mesurer. Mais nous verrons qu’il atteignit les événements de la période historique 1914-1918. Quoi qu’il en soit, ils sont enroulés dans une légende et c’est la légende de ces compagnons de hiérophanie que je propose de conter ici. »
Aujourd’hui, plus d’un siècle passé, nous avons que l’influence est grande, que l’héritage laissé par les Compagnons, n’a cessé de fructifier, et ce malgré une opposition, parfois une hostilité, variable mais permanente.
Lire ou relire le témoignage précieux de Victor-Emile Michelet, « Souvenirs du mouvement hermétiste à la fin du XIXe siècle, c’est dérouler cette légende pour saisir l’esprit et le sens des « amitiés spirituelles ».
Source: La Lettre du Crocodile