Hiram au risque de sa propre histoire
« On ne peut pas comprendre la Franc-Maçonnerie si l’on ignore ce qui s’est passé entre l’Irlande, l’Ecosse et l’Angleterre au cours des cinq derniers siècles ! » affirme David Taillades. L’homme ne manque ni d’entrain, ni d’arguments. Sa position : comprendre l’histoire et non la juger. Sa méthodologie : nous immerger dans l’histoire des hommes, celle des bâtisseurs ou plus exactement des « amis de Dieu » - qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans - en plongeant au cœur des textes, que ces derniers soient incontestablement avérés, ou plus « légendaires »...
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La sortie de son dernier livre « Hiram : le Mystère de la Maîtrise et les origines de la franc-maçonnerie » (Dervy, 2017) a jeté une lumière crue sur la « récupération inconsidérée » d’un pasteur calviniste rigoriste, James Anderson, sa « détestation monomaniaque » contre toute forme d’idolâtrie, et, sur un plan plus technique qui intéressera principalement les francs-maçons, « le véritable holdup » qu’il effectua sur le grade de Maître, sous la tutelle du français Jean Théophile Désaguliers.
« Emprunt » ou « transition » ? Avant de réunir ce qui est épars, rassemblons déjà les éléments historiques indubitables.
Sur l’un de nos plateaux précédents, l’auteur maçonnique Jacques Fontaine regrettait l’inclinaison moutonnière qu’avait prise une certaine franc-maçonnerie, celle de ronronner « tels des rognons qui baignent leur graisse » disait-il. A sa suite, ici, David Taillades leur adresse un plat de consistance gratiné, bien destiné à faire bouger les lignes. « Casser tous ces lieux-communs dont la maçonnerie est remplie, preuves documentaires à l’appui …» dit-il.
Hiram : personnage historique avéré ou figure archétypale ?
A travers l’histoire du peuple hébreu, de ses tribus et Patriarches, puis celle du XIIème siècle qui connut une ferveur religieuse sans précédent, période qui vit l’édification d’un nombre inouï de cathédrales à travers toute l’Europe (entrainant l’immigration de bâtisseurs non-chrétiens) puis l’instauration par les monarques de certaines « Corporation de Métier », issues des guildes, David Taillades nous propose de passer au crible l’histoire d’Hiram, et de s’interroger sur les successives manipulations (juives ? protestantes ?) dont son nom, sa personne ou son symbole furent l’objet…
Un véritable parcours d’archéologue à travers cette histoire mouvementée où les invocations du Saint Nom, ses représentations, ou le refus de l’idolâtrie entrainèrent persécutions et génocides fratricides…
« Lui, l’Unique ne se présente-t-il pas aux hommes sous différentes facettes ? », nous rappelle-t-il, animé par un vif esprit de tolérance…
Un esprit de tolérance qui constitue, certes, l’un des piliers de la franc-maçonnerie, mais qui ne doit obérer, en rien, sa propre historiographie...