Cet ouvrage est intéressant malgré cette affirmation erronée, curieusement affichée en quatrième de couverture : « et enfin amrita, le nectar d’immortalité, inaccessible pour un Occidental ». Outre le fait que l’Occident n’est qu’un concept et que les voies réelles, indépendamment de leurs expressions, sont acculturelles et non localisées, l’auteur semble ignorer la permanence des voies d’immortalités, ou voies internes, et de leurs « boissons d’immortalité », en Occident, notamment dans le courant osirien, le courant celte, d’anciens filons Rose-Croix, les traditions kabbalistes ou l’Islam iranien… et même dans certaines sociétés secrètes catholiques.
Mathieu insiste sur les différences culturelles entre l’Inde et l’Occident qui nous font aborder souvent le yoga de manière inadéquate. Ce qu’il propose est un changement de regard et de rapport dans la pratique. Il remarque ainsi que les relations entre les éléments sont plus importantes que les éléments eux-mêmes pour l’Inde ce qui induit des incompréhensions.
Le kurma yoga serait selon l’auteur le yoga initial, antérieur aux yogas traditionnels, et ne relèverait que de la tradition orale. Il est question de vac yoga ou yoga de la parole. Le mot « kurma » désigne la tortue de mer, deuxième avatar de Vishnou qui, sous cette forme, accomplit la fin du barattage de l’océan pour faire émerger 31 trésors, le dernier étant l’ambroisie.
Le kurma yoga vise ainsi l’immortalité à travers ses 31 trésors :
« Les 31 trésors sortirent de l’océan six par six, l’immortalité remontant seule en dernier.
Apparurent d’abord les six poussées fondamentales puis les six instruments nécessaires à la pratique du yoga, les six chakras respiratoires, les centres de ces six chakras, les six niveaux de conscience et enfin l’immortalité. Cette liste implique un processus évolutif où chaque étape prépare la suivante. Dans l’absolu, il faudrait avoir intégré les poussées pour commencer à travailler sur les instruments, mais dans la pratique tout va se chevaucher, se tisser, et les séries vont parfois s’entraider. »
Mathieu développe l’importance des poussées, déjà inscrites en nous et qui sont constitutives des postures : « La combinaison des poussées va produire des postures aussi fatalement que les phonèmes produisent des syllabes ou que les lettres de l’alphabet constituent les mots. ». Cela est caractéristique de la démarche du kurma yoga qui cherche toujours l’essentiel.
C’est un regard très global et libre qui est posé sur la pratique, sur ce qui est déjà là et sur certains points auxquels nous sommes nécessairement confrontés comme les moyens habiles, maya, la méditation, le « ça » et le « je », le sanskrit…
« Le kurma yoga explore l’indicible, il nous pousse vers l’essentiel, nous pousse vers nos limites les plus inattendues, vers nos terreurs les plus archaïques, il nous propose de faire face à la mort, la nôtre, pour, effectivement l’apprivoiser, l’aimer, la dépasser et, véritablement, étreindre la vie. »
Source: La lettre du crocodile