La pyramide demeure un mystère fascinant pour la plupart de ceux qui s’intéressent aux traditions occidentales. Si les trois gigantesques pyramides du plateau de Guizeh ou encore celle de Saqquarah sont célèbres, ce sont près de soixante-dix pyramides, de moindre volume, qui jalonnent la vallée du Nil.
Même si l’archéologie révolutionne nos connaissances depuis trois décennies, la question des pyramides continuent de flotter entre mythe et réalité. François Figeac rappelle ainsi l’origine de la forme pyramidale avec Imhotep :
« Au cœur de la vie, en écoutant le Verbe, Imhotep perçut la structure de la lumière : la forme pyramidale. Il comprit que la lumière n’était pas seulement la matière première de l’œuvre, mais qu’elle pouvait être construite, ou tout au moins, reconstruite. Il est alors devenu le premier des maîtres d’œuvre, celui qui a transmis pour les millénaires à venir à tous les bâtisseurs-initiés le plus parfait des plans d’œuvre.
Le but de ce plan ? Reconstruire de la lumière avec la lumière, autrement dit, produire du Lumineux en incarnant sur cette terre, domaine de l’éphémère, ce qui est de la nature de l’éternité. Ce prodige a priori irréalisable, Imhotep l’a pourtant accompli en élevant à Saqqarah, sur la rive occidentale du Nil, pour le compte du pharaon Djéser, la première pyramide de pierre.
Ce génial maître d’œuvre ne s’est pas contenté de cela. Après avoir perçu la nécessité de bâtir, la nature du matériau, et la finalité de l’œuvre – l’union du spirituel et du matériel –, il a constitué un collège de maçons de la pierre franche et leur a appris à bâtir, établissant ainsi la tradition des bâtisseurs-initiés, promise à une longue postérité. »
Imhotep typifie la tradition des bâtisseurs, du Temple de l’homme au Temple céleste. La pyramide, passage entre le monde terrestre et le monde céleste est au cœur des traditions d’immortalité. Loin d’être une masse immobile, la pyramide est dynamique et transformatrice de la matière en lumière.
« La pyramide, nous dit l’auteur, est une pierre philosophale en ce qu’elle révèle toutes les clés de construction d’une vie en éternité. Elle est le point ultime d’un chemin de dépouillement que la tradition initiatique qualifie de « mort du vieil homme ». »
Davantage qu’un simple tombeau célébrant la grandeur de Pharaon, la pyramide semble avoir pour fonction la régénération du ka royal. Cette conception évoque pour nous la tradition des deux corps du Roi. C’est aussi le lieu de la résurrection d’Osiris. Le pharaon défunt est identifié à Osiris par la reconstitution ou la libération de son être éternel.
François Figeac envisage également la pyramide comme lieu d’initiation. L’ensemble pyramidal peut tout à fait servir à la célébration des mystères, non seulement pour les disparus mais aussi pour les vivants. La pyramide devient alors une incarnation du chemin initiatique, correspondant au parcours de l’âme royale jusqu’à la résurrection osirienne. Il distingue le pyramidion, sorte de prototype de la pyramide, par leurs fonctions, solaire pour le premier mais stellaire pour la seconde.
« Marqueur fondamental » de la pensée initiatique, comme le note l’auteur, la pyramide se retrouve bien entendu dans les traditions maçonniques et pas seulement dans les rites dits égyptiens. La pyramide manifeste, symboliquement et opérativement, les voies d’immortalité telles qu’elles ont pu se transmettre plus ou moins altérées jusqu’à nous.