Rog Phillips est oublié. Il faut avec Vargo Statten le premier anglo-saxon traduit chez Fleuve Noir en « Anticipation ». C’était en 1954.
Rog Philipps, de son vrai nom Roger Phillips Graham (1909 – 1966) participa à l’aventure de l’équipe de Ray Palmer avec des publications comme Amazing Stories ou Fantastic Adventures qui firent le bonheur des amateurs du genre dans les années 1940. Il publia de nombreux textes sous différents noms.
A la suite d’ennuis sérieux de santé, il réduit son activité littéraire avant de se consacrer au récit policier à partir de 1959. Il meurt prématurément à 56 ans. C’est finalement près de 200 nouvelles et courts romans qu’il proposa dans sa carrière.
Grâce à Richard D. Nolane, voici quatre nouvelles rassemblées pour les lecteurs : Un rat dans le crâne – Les anciens Martiens – La galerie – Les parias. La première fut finaliste du Prix Hugo en 1959. Richard D. Nolane note que l’originalité et l’imagination de l’auteur permettent à ces nouvelles de traverser le temps.
La première nouvelle évoque un rat incorporé dès la naissance dans un automate. L’idée peut sembler désuète mais elle sert des personnages singuliers qui eux ne le sont pas comme la critique des exactions faites aux animaux par les hommes.
Les Martiens de Rog Philipps sont parmi nous, depuis des siècles et, cela complique les choses. Aves La Galerie, nous faisons connaissance avec une artiste extra-terrestre dont les portraits sont davantage que des portraits. Enfin, Les Parias met en scène un couple de mutants en fuite. Là encore, l’important est moins le thème formel que la réflexion qu’il permet. Exemple :
« John retint Mary.
- On ferait mieux d’attendre à l’écart, dit-il. Tu n’as sûrement pas envie de revoir ce type…
- Ça ne me dérange pas… répondit tranquillement Mary. Maintenant c’est moi qui le plains. Je crois que c’était en fin de compte ce que je voulais découvrir. Et je l’ai trouvé. Je les plains tous, Harry le premier. Pour lui, j’étais belle et attirante… Elle se tut un court instant avant de reprendre :
- Cela dépasse notre simple apparence. C’est un modèle génétique qui s’est détraqué comme celui d’un tissu cancéreux. Et nous, on est la partie visible du cancer de l’espèce humaine, surgissant maintenant cent ans après la première bombe… Le modèle de l’espèce est infecté et eux sont l’espèce. Ils ne peuvent pas prévoir si leurs enfants nous ressembleront… ou pire. C’est ce qui les fait réagir comme ça. Et ce qui me les fait autant plaindre. »
A l’heure où l’on s’interroge sur l’effet à moyen et long terme des neurodivergences nées de l’impact des environnements pollués sur les gènes, ce texte est hautement actuel.