Jacques Rolland enquête sur l’œuvre exemplaire du Pharaon Khéops, connu pour sa grande pyramide mais qui fut aussi un novateur à l’origine par exemple de la maîtrise des crues du Nil mais aussi d’un nouveau monothéisme qui fit les beaux jours d’Héliopolis et heurta les prêtres de Memphis. Dirigeant exemplaire, Khéops demeure mal connu tout comme l’architecte de cette Grande Pyramide qui nous fascine à travers les siècles.
Dans ce petit livre très dense, se mêlent ainsi des interrogations de nature historique et des développements symboliques très intéressants.
Du point de vue historique, la pyramide dite de Khéops aurait pu être construite par trois personnalités. L’Université penche généralement pour Hermoniou, à la fois vizir et architecte. Il y a aussi le fils adoptif de Khéops, Didoufri qui se fit construire une pyramide de son vivant. Enfin, la personnalité plus insaisissable du berger Philitis, un étranger, est mentionnée par Hérodote.
« Le terme de « berger », précise l’auteur, n’a strictement rien à voir avec la conduite d’un troupeau, même au plan symbolique. Il se réfère aux Textes des Pyramides, pour qualifier parfois Horus et les gouvernances des « suivants d’Horus ». »
Philitis évoque une source étrangère à l’Egypte, porteuse de savoirs scientifiques nouveaux. « Nous savons comment les grandes pyramides n’ont pas été construites, et notamment celle de Khéops, mais nous ne savons toujours pas comment elles l’ont été. Et surtout par qui ? » remarque Jacques Rolland. La question de la transmission linéaire des savoirs et des jaillissements inexpliqués, correspondants à un saut qualitatif dans la connaissance se pose à plusieurs reprises dans l’histoire connue de l’Egypte antique. Mais, elle est légitime aussi en d’autres régions du monde qui portent des vestiges dont la nature et le sens nous échappent. Jacques Rolland se garde des hypothèses fantasmées pour privilégie rune interrogation ouverte à un vaste champ de possibles.
Si Khéops semble être à l’origine de ce que nous appelons aujourd’hui un Etat, son œuvre se caractérise aussi par un sens aigu du culte des dieux et d’une science ou d’un art de l’immortalité, avec une fonction essentielle attribuée au Nil d’une part, considéré d’essence divine, au Sphinx d’autre part, peut-être témoin à la fois de bouleversements climatiques et d’une volonté politique qui nous échappe encore.
Jacques Rolland essaie de s’approcher, et nous avec lui, d’une pensée antique fort éloignée de la nôtre, pensée dans laquelle le symbolisme ne fait pas que représenter mais véhicule à travers des enseignements précis des possibilités non seulement philosophiques et métaphysiques mais aussi physiques dont les pyramides et le sphinx certifient une certaine permanence encore à explorer.