Magie et superstitions au Moyen Âge 2/2
Une superstition est une croyance, une pratique, une gestuelle qui permet d‘affronter différentes épreuves et de se protéger. Ce qui caractérise une superstition c’est sa perdurance à travers les lieux et les époques.
Selon une définition objective et donc adogmatique, une superstition vient des termes latins « superstitio » et « superstare » : ce qui reste, ce qui subsiste, c’est donc un vestige des temps anciens.
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Au contraire, pour d’autres interprétateurs, que l’on peut qualifier de « modernes » dans le sens où tout leur système de pensée est conditionné par une notion de progrès, de « marche positive de l’histoire » (ce qui est un non sens car chacun sait que l’histoire n’a toujours été écrite que par les vainqueurs, NDLR) le terme de superstition revêt une connotation négative, proche de l’hérésie : c’est ce qui est hétérodoxe et ne correspond pas aux dogmes dominants d’une église à un temps donné.
Nous avons donc réuni trois spécialistes :
Claude Lecouteux, Karin Ueltschi et Astrid Guillaume afin de définir et d’illustrer précisément les termes de « superstition » et de « magie ».
Ils nous montrent ainsi les progressives et subtiles modifications que ces notions et pratiques ont connues entre le Moyen Âge et la Renaissance, alors que simultanément deux mouvements destinés à mourir ensemble quelques siècles plus tard s’affermissaient : l’établissement d’un pouvoir temporel centralisé (naissance du royaume de France) et mise en place d’un clergé (autorité spirituelle) omniprésent et omnipotent.
- Comment le christianisme a-t-il fait main basse sur les pratiques celtes et païennes françaises : saints, lieux de cultes, montagnes, sources, et ce, paradoxalement, tout en minimisant le rôle de la femme et en anéantissant l’importance de la Nature ?
- Si la magie a de tout temps existé (chamanisme sibérien, totémisme australe, animisme équatorien, culte d’Isis, druidisme etc) et se caractérise par le moyen de mettre en action des « forces surnaturelles » ou du moins supra-humaine : qui est en droit d’établir la frontière entre ce qui relève du miracle, du merveilleux ou de la magie ? Dès lors qu’une personne, ou un groupe, tente d’établir une norme, une rationalité dans ce qui par essence ne l’est pas, n’est-ce pas là la vrai hérésie ?
- Dans un même continuum initiatique : qui fixe la séparation entre « la main gauche » (maléfique) et « la main droite » (bénéfique) ? Le spectre orné d’une main incarne-t-il « la main du juste milieu » ?
- Pourquoi le magicien est-il devenu « homme » et savant, alors que la femme (« être faible par nature et sujette à la séduction » selon certains textes chrétiens) est-elle devenue la sorcière : méchante, vindicative, envieuse, hargneuse et jetant les mauvais sorts ? L’Occident moderne nie-t-il tout principe de polarité ou d’altérité ?
Autant de questions passionnantes qui montrent de façon pertinente que la famine spirituelle de notre ère actuelle n’est pas un phénomène nouveau mais au contraire la suite d’un long processus de nivellement « horizontal », par le bas, en vue de servir pouvoir, commerce, règne de la quantité… Une table ronde composée de deux volets d’une durée totale d’une heure vingt minutes.