Le parcours de l’auteur l’a conduit à approfondir au sein du Grand Orient de France trois rites, le Rite Français, le Rite d’York le Rite Opératif de Salomon. Richard Vercauteren prend en compte le caractère aléatoire, parfois errant du Franc-maçon au sein d’un univers symbolique qui lui échappe largement et ne prend souvent sens qu’à posteriori.
La nature labyrinthique du chemin initiatique rend difficile un parcours qui requiert volonté, dynamisme et créativité mais aussi fraternité et compagnonnage.
« Dans cet univers créé entre la complexité labyrinthique et la dynamique de la quête, le Franc-maçon finalise toujours son parcours au sein du Temple : c’est le lieu de rassemblement de tous les pièges et joies du chemin. Le Temple comme « salle des cartes », lieu symbolique et du symbolisme par excellence, clarifie, autant que faire se peut, la lecture du chemin. Là, le Franc-maçon passera entre les colonnes pour se retrouver avec ceux qui le reconnaissent et deviendront progressivement les repères de son parcours. »
Ce sont trois chemins qui nous sont proposés : un chemin philosophique, un chemin labyrinthique et un chemin du Temple.
Le chemin philosophique se caractérise par sa recherche de liberté. Elle peut être sociale comme métaphysique. Si nous ne pouvons pas parler d’une philosophie maçonnique, nous pouvons développer une véritable démarche philosophique, d’abord par le questionnement, au sein de la Franc-maçonnerie. Ontologie, utopie, symbolisme servent une vision humaniste qui se réécrit en permanence.
Le chemin labyrinthique prend en compte la non-linéarité du parcours initiatique et les repères ou bornes que sont toutefois les grades maçonniques. Le jeu de miroir auquel invite la démarche initiatique doit être reconnu et accepté pour qu’il devienne source de connaissance de soi-même, de l’autre et du monde. Le labyrinthe, au lieu d’égarer, devient alors ce qui conduit au centre, unique accès à la chambre haute.
« Les pas du Compagnon l’ont désormais guidé au cœur du labyrinthe, dans la lumière d’un centre qui donne toute responsabilité à celui qui se trouve là. Ayant appris le sens de l’Autre, il ne dit plus seulement « Je » ; sa conscience est devenue duelle l’inscrivant dans un rapport altruiste.
Toutefois, le chemin ne s’arrête pas là : il lui faut désormais diriger ses pas hors de ce cœur de labyrinthe et apprendre à enjamber le corps du Minotaure laissé comme cadavre dans le dédale et pour cela apprendre un pas nouveau qui lui permet de passer au-delà. Le Compagnon sent intuitivement qu’il est emporté par la spirale d’une évolution de sa connaissance qui le conduira sur un chemin révélé par la lumière qui brille au centre du Labyrinthe, dans son dos, tel le soleil oppose ses rayons du matin à celui qui marche vers l’Ouest, la sortie du Temple. »
Richard Vercauteren inscrit son approche du temple dans la typologie des Temples de Bethsaléel, Salomon, Zorobabel. Il invite le lecteur à s’emparer de l’extraordinaire richesse symbolique de ces Temples de Tradition dont la Franc-maçonnerie ne retient qu’une part qu’elle retravaille dans sa version du mythe d’Hiram. Sa vision est à la fois sociétale et spirituelle mais d’une spiritualité affranchie des religions tout en leur gardant une place comme objet d’étude. Nous pourrions parler d’une forme dynamique de « spiritualité laïque ».