« Notre Dame » se retrouve fréquemment au centre de véritables « tableaux de loges » que nous retrouvons sur les murs ou les vitraux de nos cathédrales ou autres édifices sacrés. Nous savons l’importance de Marie au sein du compagnonnage.
Mathilde Fontaine remarque que ces tableaux présentent souvent Marie au centre d’un zodiaque, d’un labyrinthe ou d’un ensemble de symboles évoquant une théologie de la Lumière ou l’expression du Logos. Si cette tradition prend sa source dans l’ère préchrétienne, elle fut exaltée au temps des bâtisseurs de cathédrales.
En début d’ouvrage, le lecteur découvrira un très bel exemple de ces tableaux, peint dans la basilique Notre-Dame de l’Epine. Parmi les symboles relevés par Mathilde Fontaine dans cet art particulier, comme formulations du secret, se distinguent la cité de Dieu, la Civitas Dei, le jardin clos, Hortus conclusus et le vase d’élection, Vas electum dont la fonction, souvent méconnue, qui réfère entre autre à l’alchimie, est essentielle :
« Le vas electum est une vase de lumière qui ne s’ouvre ni ne se ferme. Il est scellé de toute éternité car « le monde ne subsiste que par le secret », ainsi que l’enseigne le Zohar. Il contient les puissances de l’univers qui oeuvrent, dans le secret, à la création du monde et à sa constante régénération. Sa fonction est de garder la vie contre le péril de sa désacralisation, et de préserver la mémoire vive de la tradition primordiale qui connaît et formule ce secret. Ce vase relève de la même symbolique que celle du Graal, célébré dans la littérature médiévale des XIIème et XIIIème siècles. Le Graal « qui constitue, à lui seul, la synthèse de la tradition primordiale », offre un chemin à parcourir qui s’éclaire au fur et à mesure des prises de conscience. De nature intemporelle, il est le symbole de la quête spirituelle. »
Chaque symbole est présenté et étudié : le puits d’eau vive, les trois arbres : palmier, cèdre et olivier, les fleurs : rose et lys, les trois édifices : tour de David, temple de Salomon et la porte du Ciel, les trois astres : soleil, lune et l’étoile de la mer.
L’étude de ces symboles et de leurs relations « inscrivent bien Marie au cœur de la tradition, dans la lignée des grandes déesses mères. Ils confirment qu’une puissance de création féminine se tient au côté de l’Artisan céleste, faisant d’elle la Mère du monde, la servante de la Connaissance et l’Initiatrice. C’est cette vérité métaphysique et spirituelle qui est appelée par la Moyen Âge à travers e tableau de Notre-Dame de l’Epine et tous les autres de même nature. Non seulement Marie y représente l’axe entre le ciel et la terre mais la manière dont son ventre est souligné indique qu’elle est grosse de « l’Œuvre ». Aussi la symbolique mariale révèle-t-elle, au-delà du personnage historique de la Vierge et de son interprétation par l’Eglise, un enseignement ésotérique essentiel à l’initiation féminine. »