Patrick Geay vous est déjà connu pour son excellent Hermès trahi, chez le même éditeur. Ce nouveau livre fait partie du petit nombre de livres indispensables qu'un franc-maçon désireux de s'instruire en franc-maçonnerie se devra d'étudier.
Patrick Geay nous comble en faisant appel à l'hermétisme et à l'ésotérisme des trois grandes religions monothéistes pour restaurer les fondements traditionnels de la franc-maçonnerie comme pour réaffirmer le lien entre spéculatif et opératif.Il démontre ainsi que "l'hébraïsation" de la franc-maçonnerie n'est pas le fruit d'un syncrétisme récent mais que "L'enracinement plus spécialement judéo-chrétien de la Maçonnerie fait que cette dernière manifeste un ésotérisme d'origine nettement hébraïque relié à l'art de bâtir et plus fondamentalement aux principes divins de la Création". Il insiste sur le lien entre Géométrie sacrée, architecture, alchimie et symbolisme et dénonce l'accaparement du symbolisme par la psychologie des profondeurs, fusse-t-elle jungienne. Le Maçon demeure bâtisseur et sa relation à l'espace est essentielle à la construction du Temple. Patrick Geay consacre une partie importante de l'ouvrage à la structure cosmique du temple, le temple maçonnique étant une image du corps de l'Homme Universel. Il approche le sens de l'orientation, de la circumambulation dans le contexte d'un "culte axial" trop ignoré en Franc-Maçonnerie. Au sein de cet espace sacré, la quête du secret de l'apprenti, du compagnon puis du maître, qui rejoint l'axe du centre, autorise cette transfiguration dans la lumière que le récipiendaire pressentait dans le cabinet de réflexion.
Les références à Guénon sont nombreuses, elles sont souvent judicieuses et ne doivent pas faire fuire les non-guénoniens. Patrick Geay, par ce livre, ne nous invite pas à rejoindre Guénon, mais à restituer à la Franc-Maçonnerie sa finalité réelle traditionnelle.