Tropicale ou sidérale : les deux astrologies face-à-face
Pénétrer le monde des symboles, des archétypes, requiert ouverture d’esprit, souplesse, et un don, qui se raréfie, l’art de savoir manier la nuance et ainsi percevoir ces subtiles gradations que ce monde d’un genre très particulier nous invite à contempler. Dans une société qui s’uniformise à vive allure, où la mécanicité, les classifications prolifèrent (algorithmes, etc.), où « l’utile/l’efficace » dicte nos journées ; cultiver cette Imagination Créatrice, cette Poesïs, demeure un antidote, un acte de résistance.
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L’astrologie, les arts, la psychologie, la philosophie entretiennent cette élégance de Vie et ces domaines opposeront toujours une fin de non-recevoir à cet engluement binaire, mono-sémantique, reptilien (« j’aime, j’aime pas ») qui imperceptiblement plaque du mécanique sur le vivant*.
Nous sommes en Vie, donc changeants et en perpétuelle évolution : aucune programmation, aucun logiciel, aussi intelligent puisse-t-il être (les adjectifs « malicieux », ou « rusé », seraient sans nul doute plus appropriés) ne parviendront jamais à anticiper la nature de ce Feu, intime et imprévisible, qui nous anime et vivifie nos pensées, nos émotions.
Astrologie tropicale : celle des saisons et des terriens ? La sidérale, pour ceux qui ont "la tête dans les étoiles" ?
De nos jours, grâce à Internet, en deux minutes, chacun peut obtenir sa carte du ciel, et de longs commentaires sur son thème. Cette évolution-ci nous fait gagner temps et argent, c’est vrai. Mieux, elle démocratise l’accès à ces connaissances, réservées jusqu’alors à une certaine élite. C’est le point positif. En revanche, là où le bât blesse, c’est que cette lecture mécanique, figée, est incapable de la moindre intelligence du cœur. La vraie. Celle qui permet à l’astrologue d’entrer en empathie avec son consultant, et comprendre ses rouages émotionnels. De plus, cet homme de chair et d'os (doté d’un cœur !) sera seul capable d’y adjoindre d’autres facteurs totalement étrangers à l’astrologie, et qui entrent pour une part non négligeable dans l'interprétation. « Une même lecture ne sera pas semblable pour un homme né à Paris ou en Corée du Nord ! », nous rappelle Valérie Darmandy. Une évidence, toujours utile à rappeler, et qui prend dans sa bouche la forme d’un bras d’honneur adressé aux zététiciens.
Les robots sont incapables d’empathie, ou alors calculée, feinte.
Le monde de l’astrologie est, comme toutes les sociétés humaines, agité par des querelles de chappelles assez puériles selon nous. Et comme dans toutes les cours de récréation, on y joue des coudes : celui qui braille le plus fort a le plus de chance d’être entendu. Mais il est rarement dans la justesse, et jamais dans la nuance.
Kevin Meunier siffle ici « la fin de la récré ».
Valérie Darmandy et Madi Jaspers sont deux astrologues professionnelles. Elles pratiquent respectivement l’astrologie tropicale (basée sur les saisons, le point de départ du zodiaque restant le 1° du Bélier et le 1er jour du printemps) tandis que Madi Jasper préconise l’astrologie sidérale, une astrologie qui a conservé la juxtaposition signes/constellations constatée il deux mille ans**. L’écart entre ces deux zodiaques est de 24 degrés, donc pour les « sidéralistes », le 21 mars (équinoxe de printemps et début du printemps) correspond au 5° du Poissons.
Après une présentation théorique de ces deux « écoles » puis l’étude de thèmes précis (l’abbé Pierre - sœur Emmanuelle, Franco-Hitler ou encore la chute du Mur de Berlin), nous constaterons que ces deux systèmes, au delà de leur algèbre asynchrone, révèlent de nombreuses analogies. Notamment via l’insert des Etoiles Fixes (Algol, Aldébaran, Rigel, Sirius, etc.) dont se sert Madi.
Que comprendre in fine ? Que l’histoire de l’astrologie est semblable à l’histoire des hommes ? Si, certes, systématiquement, ce sont toujours les vainqueurs qui l’écrivent, (ici les tropicalistes, du moins en Occident), d’autres systèmes de pensée, plus lointains, plus « traditionnels », plus « métaphysiques » lui apportent une lumière complémentaire et vivifient les approches plus largement admises.
Mais là où tous les sages de la planète, en premier lieu desquels les astrologues, se rejoignent unanimement : c’est bien dans le calme et l’obscurité de la nuit que les étoiles se voient le mieux !
D'où cette indispensable sérénité - et art de la nuance - propice à une juste interprétation des ressorts les plus profonds de notre Psyché.
Les planètes inclinent mais ne déterminent pas...
* cf. « Le Rire » d’Henri Bergson (1900)
** se référer pour cela à ce que l’on nomme « la précession des équinoxes ».