Le vivant comme modèle : la voie du biomimétisme
"Science sans conscience n’est que ruine de l’âme" prophétisait déjà Rabelais, au XVIème siècle… Cinq cent ans plus tard, et après deux siècles de positivisme caractérisés par un rejet de toute forme de croyances; deux siècles marqués par un progrès scientifique sans précédent : où en sommes-nous justement avec notre âme, avec notre conscience ? Cette époque, marquée par un refus de toute métaphysique et par un matérialisme scientiste exacerbé, ne serait-elle pas en train de mourir et de donner naissance à une nouvelle ère, moins uniforme et plus diversifiée?
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Depuis une trentaine d’année, justement, un mouvement d’un genre nouveau est né : le biomimétisme. Sa philosophie consiste à étudier les milliards d’années d’évolution de la nature et son ambition est de nous faire profiter des fruits de cette observation. Un profit qui se place sous le sceau du développement durable et non dans une logique de profitabilité de court terme.
Cessons de défier la nature et faisons Un avec elle : elle constitue une source d’inspiration intarissable pour nous.
Un certain état d’esprit marchand, et détestable selon nous, a envahi notre civilisation. Un état d’esprit qui vise à séduire, appâter son audience afin d’élargir ses parts de marché. Un mode de pensée reconnaissable (de loin) par un usage immodéré du sensationnalisme, un recours abusif à la fibre émotionnelle qui sommeille en chacun de nous. Sous couvert de parler "au plus grand nombre", sa finalité n’est que d’accroitre ses revenus. Cet état de fait et d’esprit, que nous qualifions de "proxénétisme intellectuel" (et qui n’a pas épargné les sphères dites spirituelles) a gangréné depuis plusieurs décennies notre mode de penser et obstrué les choix de nos représentants politiques.
Appliqué à notre biosphère, dont rappelons-le, nous ne sommes pas propriétaires mais juste d'éphémères gestionnaires, ces œillères nous ont coupés du monde du Vivant. Une sorte de myopie, dont la plus flagrante manifestation au XXème siècle est la télévision : ce tohu-bohu émotionnel, qui nous empêche d’y voir clair et de définir nos priorités selon leur juste ordonnancement.
Gauthier Chapelle, porte-parole du mouvement biomimétiste, nous ouvre ici les portes de ce nouveau paradigme.
A partir d’exemple précis, sur les formes, sur les matériaux, sur les caractéristiques de cette pan-philosophie, il nous invite à changer notre regard sur la nature et ne plus considérer celle-ci comme le lieu où la loi du plus fort prévaut. Au contraire, cette nature, tant ignorée dans le passé par nos pères rationalistes, non seulement nous apparait comme un lieu de sagesse, mais aussi nous offre de nombreux modèles…
Face aux questions de Maxence Layet, Gauthier Chapelle nous incite ici à renouer avec cette fluidité inhérente au Vivant et d’appliquer cette fluidité au sein-même des différentes strates de nos sociétés, bien trop cloisonnées et hermétiquement closes...