Zorro. Un mythe franc-maçon fait son cinéma

C’est avec un immense plaisir que nous retrouvons Richard Khaitzine (1947-2013), grâce à sa fille, Lydia Khaitzine, qui lui avait fait la promesse de publier cet inédit consacré à l’un de nos héros les plus emblématiques, Zorro, une figure centrale de notre imaginaire depuis l’enfance.

« Zorro, rappelle Richard Khaitzine, comme Robin des bois, fut inventé à partir de divers personnages historiques qui, tous, avaient un point en commun : ils étaient en rébellion contre l’ordre établi et, pour la plupart, avaient franchi ouvertement la ligne que constitue la loi. Certains détails, voulus ou non, par le père littéraire du vengeur masqué, véhiculent un symbolisme qui, pour être implicite, n’en est pas moins parfaitement identifiable et caractéristique du milieu et de l’époque qui servent de décor à ses aventures. »

Le personnage de Zorro est une création du Franc-maçon Johnston McCulley (1883-1958), auteur de nombreux romans, nouvelles, destinées souvent aux pulps, et scenarii pour le cinéma ou la télévision. Zorro n’est pas le premier justicier masqué de l’auteur. Un autre héros de Johnston McCulley le précède, Sir Percy Blakeney, qui se transforme en Mouron Rouge pour sauver les aristocrates de la guillotine. Zorro, lui, est au côté du peuple californien et des opprimés. Il défend « la veuve et l’orphelin ». Richard Khaitzine y voit une première allusion aux « Enfants de la Veuve », formule qui désigne les Francs-maçons. Tout au long de l’ouvrage, il nous indique de nombreuses indices ou signes qui renvoient discrètement à l’Ordre maçonnique.

Richard retrace l’histoire des romans et des films consacrés à Zorro, depuis le premier roman de McCulley, The Curse of Capistrano, et le premier film, The Mark of Zorro. Le succès du film incita McCulley à écrire de nouvelles aventures de Zorro.

L’ouvrage rend compte de la biographie de Johnston McCulley, une biographie difficile à établir tant manquent de nombreuses informations sur la vie de cet auteur. Richard Khaitzine énonce le contexte politique dans lequel Zorro s’exprime et le sens de son action :

« Le Zorro littéraire n’est nullement partisan de l’indépendance de la Californie. Son père, don Alejandro, dont il partage les principes, se montre au contraire soucieux des risques de guerre civile qui menacent le pays. Il convainc même tous les grands propriétaires de signer un document prouvant leur fidélité au roi d’Espagne. Zorro ne s’oppose donc pas à la domination espagnole comme on le croit généralement, mais aux militaires retors et aux magistrats véreux qui profitent de leur pouvoir pour s’enrichir. La nuance est de taille. »

Richard Khaitzine analyse la place de la Franc-maçonnerie dans le Mexique de l’époque et dans la guerre d’indépendance qui aboutit à la naissance des Etats-Unis d’Amérique, dont l’épisode marquant de Fort Alamo. Il recherche les personnages réels qui ont pu inspirer la figure de Zorro : Tiburcio Vásquez, José Maria Avila, Joachim Murietta, « le Robin des bois d’El Dorado », William Lamport, un Zorro irlandais, Ed Morrell, un autre Zorro, californien celui-ci.

La dernière partie de l’ouvrage est consacrée, en trois chapitres, à la symbolique initiatique et maçonnique, présente dans les œuvres qui ont mis en scène Zorro, ce « cavalier qui surgit hors de la nuit ».

La lecture de ce livre est pleine de surprises et elle nous replonge tous dans des moments de plaisir partagés. Il nous permet de comprendre comment et pourquoi ce personnage revient régulièrement dans notre vie à travers des films ou des séries.  

Pour finir cette présentation, laissons la parole à l’éditeur, Jean-Marie Groult :

« Le dessein de Richard Khaitzine, intriquant alternativement des acteurs de cinéma avec ceux bien tangibles de la petite comme de la grande Histoire est essentiellement de nous initier à la Franc-maçonnerie et aux diverses sociétés secrètes du nouveau monde qui ont engendré ce personnage mythique ; parfois il évoque le Grand Œuvre des alchimistes, un sujet qu’il maîtrisait parfaitement bien. Richard Khaitzine nous invite ici à approcher conjointement tous ces intervenants qui ont donné vie, chacun leur tour à l’écran, à ce pittoresque cavalier montant promptement Tornado, son gracieux cheval noir, afin de défendre au fil de l’épée le pauvre et l’opprimé ; tout cela dans un univers mêlé de pièces d’or, de chevauchées nocturnes et de sifflements de lames… »

Source : La Lettre du Crocodile

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