Le Maître Philippe de Lyon, un boddhisatva chrétien

Nous savons toute l’importance de la figure de Maître Philippe, de son vrai nom Nizier Anthelme Philippe (1849-1905), pour le martinisme papusien et ses prolongements. 

Nouveau titre de la riche collection Autour de Maître Philippe, ce livre veut jeter un regard nouveau sur ce personnage qui, à bien des égards, reste une énigme. Ce regard puise dans la tradition des boddhisattvas.

Gérard Dupont retrace rapidement la vie de Maître Philippe dans son siècle tout en faisant le lien avec le modèle du monde courant de l’Inde traditionnelle. Il porte un regard « oriental » sur celui qui est souvent considéré comme un maître occidental. Cette rencontre culturelle, inhabituelle dans le cas de Maître Philippe, permet d’approcher certains événements de sa vie afin de mieux les comprendre, notamment les guérisons, nombreuses et attestées.

Gérard Dupont remarque : « Il ne semble pas que le maître Philippe ait utilisé les mêmes méthodes de guérison à ses débuts que celles qu’il utilisera plus tard. On a l’impression qu’avec le temps, ses méthodes s’affinaient, se précisaient, se modelaient sur des expériences intérieures vraisemblablement toujours plus élevées ».

Il évoque aussi des particularités de l’œuvre de guérison de Philippe, par exemple à propos des maladies dites « karmiques » :

« Monsieur Philippe avait le pouvoir de guérir ces maladies karmiques, contre lesquelles la médecine officielle est impuissante. Il effaçait, en quelque sorte, la faute à l’origine de la perturbation. Mais cette action avait un prix. En échange de la guérison, il demandait à la personne une amélioration morale quelconque : cesser de dire du mal des autres, abandonner un procès, pardonner les torts qu’un tiers lui aurait faits, etc. Alors, si le malade s’y engageait, il payait ainsi son erreur et le miracle s’accomplissait…

Je ne crois pas qu’avant lui, quelqu’un ait utilisé telle méthode. Le Christ lui-même demandait juste, après une guérison, de ne plus pêcher. »

Des extraits de témoignage, des anecdotes, des considérations diverses permettent à l’auteur de développer sa pensée, véritable sujet du livre, à la croisée de l’Occident chrétien et de l’Orient indien. 

Avec lucidité, il revient finalement sur le mystère Philippe :

« Quoi qu’il en soit, il est très difficile, voire impossible, de connaître avec exactitude la vie de Monsieur Philippe.

Entre les ragots qui circulaient de son vivant et ceux qui circulent encore de nos jours ; entre ce qu’il a vraiment dit et ce que chacun aura pu interpréter selon son degré de compréhension ou d’attention ; entre ce que les bien-pensants rejettent mais que ceux qui se situent au-delà des apparences ne nient pas ; entre ce qu’entrevoient ceux qui ont pu saisir une parcelle de vérité mais ce que soutiennent d’autres, illusionnés par leurs certitudes ; entre la légende et la réalité dans lesquelles évolue tout personnage d’envergure, il appartient à chacun de se faire sa propre opinion, tout en gardant à l’esprit que ce qui peut nous apparaître aujourd’hui anecdotique peut devenir demain une évidence.

Alors, maître Philippe bodhisattva ? vibhuti ? médium ? mahasiddha ?... Peut-être tout ceci à la fois. Mais en disant cela, c’est encore une façon de poser des limites là où vraisemblablement, il n’y en a pas… »

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