Marc Gutekunst a une très longue expérience de la pratique et de l’enseignement des arts martiaux internes chinois et de la médecine traditionnelle chinoise.
Au contraire de très nombreux ouvrages bâclés qui encombrent les rayons des librairies, ce livre envisage le Qì Gōng dans son environnement culturel et philosophique à la croisée du confucianisme, du taoïsme et du bouddhisme, ces trois courants qui s’harmonisent très naturellement dans la pensée et dans la vie quotidienne chinoises.
Sans une exploration de cette pensée chinoise, si subtile, la pratique elle-même perd son sens profond et l’exploration du corps, qui possède sa propre sagesse, demeure limitée.
« Lorsque nous nous aventurons à observer, c’est un voyage bien au-delà de la simple surface, dit l’auteur, c’est une plongée à travers les multiples couches de notre être qui se réalise.
Ainsi les yeux, par exemple, ne sont pas simplement des organes sensoriels, en les scrutant et en posant notre attention sur ces derniers, on découvre une réalité différente.
De même, le cœur n’est pas ici qu’un organe. Il ne s’agira pas uniquement de visualiser et ressentir sa forme physique, l’essentiel réside aussi dans son essence, ainsi que dans son souffle vital, le Qì.
Ce Qì, pareil à un cristal d’une limpidité parfaite, imprègne chaque partie du cœur, du voile extérieur à son noyau le plus profond. »
Marc Gutekunst plonge dans les idéogrammes chinois pour chercher les sens très nuancés et dynamiques des mots et de ce qu’ils évoquent plutôt que ce qu’ils désignent : Qì, Yang, Yin, Huà, Xū… afin d’approcher une physique et une métaphysique totalement intégrées.
Après avoir invité le lecteur à découvrir le Qi Gōng, notamment à travers un poème du docteur Pang He Ming qui « introduit les différentes méthodes du Zhi Néng Qì Gōng », Marc Gutekunst aborde les sujets de la joie, de la méditation, la longévité, la liberté, les émotions, la conscience, l’état de Qì Gōng…
Il revient souvent sur l’importance du cœur, qui est « le maître de la forme, qui réside dans l’esprit clair et brillant ». Il ne perd jamais de vue l’intégration de la pratique dans la vie quotidienne et n’hésite pas à croiser philosophie chinoise et philosophies occidentales pour faciliter notre compréhension.
L’ouvrage se termine par une étude de la conscience selon la théorie de l’entièreté dans le Zhi Néng Qì Gōng. La conscience est abordée à la fois comme énergie et comme substance. Le niveau informationnel, en ses différentes déclinaisons est également pris en compte notamment dans le cadre thérapeutique.
Le Qì Gōng est à la fois science, art et expérience. En replaçant la pratique au sein d’un réseau de rapports avec tout le vivant, visible comme invisible, Marc Gutekunst instaure ou restaure son sens profond et l’introduit comme vecteur de connaissance comme de transcendance. L’ouvrage intéressera les pratiquants d’arts martiaux chinois quels qu’ils soient mais aussi tous ceux qui souhaitent approfondir la question de la nature de la conscience.
Source : La Lettre du Crocodile