Les Editions Amici Librorum se sont spécialisées dans l’édition en fac-similé d’ouvrages importants dans les domaines traditionnels : hermétisme, gnosticisme, kabbale, illuminisme, Franc-maçonnerie, etc. Le catalogue de grande qualité propose aux lecteurs et aux chercheurs une matière considérable et souvent indispensable.
C’est le cas avec Les Livres de IEOU qui font partie du corpus de certains collèges internes hermétistes. Si de nombreuses études universitaires furent publiées, principalement aux USA, sur ces textes gnostiques, leur finalité et leur mise en œuvre demeurent une connaissance de quelques hermétistes.
Emile Amélineau (1850-1915) publia cette transcription et traduction du Papyrus Bruce, du nom de son découvreur en 1769, conservé à Oxford. Il semble composé de deux parties, ou de deux livres. Deux titres furent repérés par Emile Amélineau dans ce manuscrit très abîmé et incomplet : Le Livre des Gnoses invisibles et Le Livre du grand Logos, selon le mystère. Depuis Amélineau, des chercheurs évoquent plutôt un assemblage de trois textes ou trois livres différents. Même si le manuscrit est incomplet, il est relativement aisé de reconstituer quelques-uns des textes tronqués en raison de l’aspect répétitif de certains passages.
Le premier livre, ou première partie, restitue un enseignement donné par Jésus à ses disciples au sujet des passages successifs qu’ils devront traverser après leur mort pour rejoindre le plérome. Selon l’école valentinienne, il y a trente-deux éons ce qui implique trente-deux passages, trente-deux épreuves. Dans cette première partie, nous trouvons également quatre cérémonies d’initiation valentinienne, l’une d’elle faisant partie également des textes de la Pistis Sophia.
Ces quatre cérémonies sont un baptême de rémission des péchés, un baptême de feu, un baptême d’esprit et un ultime sacrement de libération totale et de plénitude parfaite. Nous sommes là dans une voie d’immortalité traditionnelle.
Le second livre, ou la seconde partie, développe le sujet des émanations qui forment le plérome telles qu’elles sont conçues par Valentin. De nombreuses formules, prières et les sceaux qui les accompagnent sont présentés dans le papyrus. Cette partie également est incomplète.
Emile Amélineau constata que les adversaires acharnés des gnostiques que furent Clément d’Alexandrie et certains Pères de l’Eglise connaissaient ce texte qui devait circuler à l’époque, tout comme la Pistis Sophia. Dans leurs accusations, nous retrouvons en effet des éléments de ces textes gnostiques.
De manière très cohérente, Emile Amélineau a considéré le Papyrus Bruce comme antérieur à la Pistis Sophia, le premier étant plus simple que le second. En effet, nous constatons dans les milieux traditionnels que l’enseignement se complexifie génération après génération, souvent par incompréhension ou même ignorance, alors que les voies internes vont toujours du complexe au simple.
Ce papyrus, parfois assimilé à un « livre des morts gnostique » reste peu connu. Il constitue pourtant une pièce essentielle du système valentinien et plus largement de la tradition gnostique. Même si, depuis Emile Amélineau, des chercheurs ont proposé des interprétations nouvelles, l’essentiel est présent dans cette version.
Source: La Lettre du Crocodile