Didier Mansuy éclaire les premiers développements de la Franc-maçonnerie française, ses fondements et ses caractéristiques qui la distinguent de la Franc-maçonnerie anglaise.

Au XVIIIème siècle, la France est régulièrement en conflit avec l’Angleterre, les Francs-maçons français se sont davantage tournés vers les Francs-maçons écossais dans un contexte politique aussi complexe qu’incertain. En 1743, la Franc-maçonnerie se choisit un Grand-Maître pour la France, le comte de Clermont mais, c’est un autre personnage qui sera la cheville ouvrière de la Maçonnerie française, Augustin Jean François Chaillon de Jonville, son substitut général.

Didier Mansuy s’attache à suivre Augustin Jean François Chaillon de Jonville pour mettre en évidence le processus de constitution de la Franc-maçonnerie française. Il nous propose deux parties. La première traite des fondements de l’organisation maçonnique française dans son siècle. La deuxième synthétise l’histoire maçonnique française du XVIIIème siècle dans ses divers contextes. Suivent un essai très synthétique de distinction entre Franc-maçonnerie française et Franc-maçonnerie anglaise et de nombreuses annexes précisant des points historiques abordés au cours du livre.

Deux textes se retrouvent au fondement de la Maçonnerie française, le Document français, souvent ignoré et le Discours du Chevalier de Ramsay. L’affirmation chrétienne, catholique et johannite est forte, l’importance du rituel dans sa fonction de transmission est mise en avant. Des caractéristiques propres au développement maçonnique français apparaissent :

« La Maçonnerie française est chevaleresque, hermétique, symbolique, ésotérique, voire cabalistique, philosophique et intellectuelle, et elle a su garder la régularité de sa liturgie. Alors que l’anglaise est dogmatique. La Maçonnerie française n’est pas du tout une force d’opposition à l’Eglise. »

Un autre intérêt de l’ouvrage est de faire vivre sous nos yeux le quartier parisien du Marais où vivait à l’époque Augustin Jean François Chaillon de Jonville et l’Enclos du Temple où confréries et guildes œuvraient au quotidien. Pour l’auteur, la Maçonnerie française hérite de savoirs initiatiques des anciennes corporations et des loges opératives présentes dans l’Enclos.

C’est un regard original et stimulant sur la Franc-maçonnerie française que nous offre Didier Mansuy.

Source: La Lettre du Crocodile