Myriam Philibert est archéologue et docteur en Préhistoire mais, avec ce livre, elle nous conduit sur les chemins de l’imaginaire de notre enfance pour mieux retrouver cette alliance avec la nature que nous avons perdue.
Voici comment elle nous introduit au retour à la nature ou/et à la Nature :
« Etablir le contact avec la Nature. Par où commencer ? Est-elle peuplée d’êtres fantastiques ou est-ce la perception erronée d’une imagination fertile, bercée par une fallacieuse verve ou les contes de vieilles femmes ? Tout bruit vibre sous la canopée. D’invisibles présences se dissimulent, tout en cherchant à retenir l’attention de celui qui y est sensible. Des sensations énergétiques parcourent l’épiderme. On se sent presque tremblant devant tant de beauté, de grandeur, de profondeur. Partout s’insinue une sacralité qui atteint la démesure. Qui saurait décrire la forêt ? Terrifiante ? Protectrice ? Dévoreuse et maléfique. Amène pour le Petit Poucet, car il en connaît les dangers et sait (peut-être) l’apprivoiser. Refuge tentaculaire pour l’être humain, exilé de l’obscure caverne qui lui servait d’abri, par le réchauffement postglaciaire… »
Myriam Philibert nous incite à nous initier au langage des arbres, à renouer avec le peuple invisible de la forêt, à nous rappeler que les peuples natifs indo-européens perpétuaient des cultes dans les enclos sacrés des forêts. L’arbre est premier dans ces cultures qui le reconnaissent comme axe, colonne ou échelle entre terre et ciel.
Cette forêt sacrée est habitée de peuples mystérieux. Il y a les fées bien sûr, gardiennes et initiatrices qui hantent nos mythes, nos contes, traditionnels ou contemporains. Chaque siècle se laisse traverser par ces mythèmes qui font rêver ou enseignent.
Nombreux sont les esprits de la Nature : dryades, muses, Dame verte, Homme vert, nymphes, génies, élémentaux divers… Le voyage continue par la lecture des lignes de force de la Terre, les cultes à la Nature, notamment à la Déesse-Mère, les divinités égyptiennes de la Nature… jusqu’aux références traditionnelles aux boissons d’immortalité ou de longévité, voie lactée, soma, sang, vin, bière et autres alcools sacrés.
L’exploration des mythes populaires, ou plus réservés, est une opportunité de restaurer le regard, de rétablir l’accord perdu avec ce qui anime la Nature.
« Il est temps, nous dit Myriam Philibert, d’aller au-delà du visible et du matériel. Où se niche l’âme du monde ? Toute âme est une monade ? Celle du monde est-elle féminine comme les divinités affriolantes que citent les textes gnostiques ? Est-elle masculine comme voudraient le faire croire les Grecs et les Indo-européens, plus généralement ? A un moment donné de l’histoire humaine, au cours du néolithique, le cours des croyances et des valeurs s’est inversé. La grande Déesse n’avait plus la préséance et son alter ego prenait le pas. A l’Âme du monde succédait un Esprit ; au cœur succédait le cerveau ! Au début, les deux polarités proposaient un équilibre.
Puis, évolution des mentalités, chacun voulut gérer l’univers. Une force centripète (la Mère divine) et une force centrifuge (son parèdre divin) génèrent l’illusion de la dualité. En vérité, l’homme oublia que tout est Un, la création, l’être humain, la Vie. »
Source: La Lettre du Crocodile