Les récentes recherches archéologiques démontrent la grande porosité entre Orient et Occident et nous amènent à revoir nombre de croyances qui se révèlent erronées.
Les deux auteurs de ce livre s’intéressent aux racines communes entre druides celtes et brahmanes de l’Inde et pointent les nombreuses similitudes entre ces deux grandes spiritualités et cultures.
Sans épuiser le sujet ni embrasser l’ensemble de la matière disponible, ce livre propose des rapprochements pertinents et des questionnements qui ouvrent de nouveaux champs de compréhension et d’investigation. Les équivalences symboliques et les comparaisons permettent de répondre à des questions jusque là sans réponses. L’enjeu est de ne pas surestimer ni sous-estimer l’éventualité d’un héritage commun entre druides celtes et brahmanes hindous. Celtes et Indiens participent du vaste monde indo-européen et c’est par là que commence l’ouvrage.
Les peuples indo-européens « ont en commun la puissance du guerrier, le rôle du cheval, du char et des armes, un même concept de royauté, de religiosité et de théologie (en particulier la classification des dieux). Ils partagent des rituels (offrandes, sacrifices, libations, circumambulation, etc.), des coutumes (rites de naissance, rites funéraires, fostérage, rites initiatiques, etc.), des mythes fondateurs comme la tripartition des mondes et l’arbre cosmique) et, surtout, des institutions ainsi qu’un mode d’organisation de la société, en passant par le droit (civil, pénal, règles de justice familiale, importance du serment, etc.) et des pratiques sociales communes qui relèvent par exemple de la tribu (avec des constantes dans l’organisation et l’attribution des noms tribaux), des jeux (les échecs, jeux de balles, etc.) ou encore de la musique (instruments communs, usage de la musique pour la guerre, etc.). »
Nous voyons ainsi des éléments communs dans presque tous les domaines de la vie et notamment les trois classes fonctionnelles mises en évidence par Georges Dumézil, classe sacerdotale, classe guerrière et royale, classe productive, présentes tant dans la société celtique que dans la société hindoue. « Druides et brahmanes occupent la même place dans la hiérarchie sociale de leur culture. »
Les auteurs s’intéressent longuement aux figures du druide celtique et du brahmane indien.
Ils sont supranationaux, ont une fonction religieuse mais pas seulement (fonctions judiciaires, mémorielles, thérapeutiques, enseignantes, politiques…), sont caractérisés par des vêtements blancs… Leur influence respective au sein de leurs sociétés particulières est considérable, jusqu’à être divinisés.
L’ouvrage propose un « petit aperçu de comparatisme indo-celtique » sous la forme d’un tableau fort utile. L’analyse des textes des deux traditions permet aux auteurs de conclure sur les deux branches d’un même arbre.
« L’équivalence « druide ↔ brahmane » nous semble bien démontrée, et cette équation réversible ouvre une voie pour une meilleure compréhension du système religieux des Celtes. Si les vénérables druides de l’ancienne Celtide ont malheureusement disparu et appartiennent, hélas, à une tradition aujourd’hui considérée comme morte, les brahmanes sont toujours, quant à eux, les authentiques dépositaires d’une spiritualité vivante et plusieurs fois millénaires. Ils constituent dès lors de précieux témoins d’une tradition orale qu’ils ont pu sauvegarder, et dont nous savons qu’elle contient des analogies, à des degrés divers et variés, avec le druidisme antique. C’est pourquoi nous avons voulu énoncer quelques éléments de la pensée indienne et de son enseignement spirituel qui apportent des lumières sur les doctrines druidiques. L’équivalence entre les personnages étant établie, ainsi que l’héritage commun entre les deux cultures, les commentaires des sages indiens éclairent sous un nouveau jour la manière dont nous pouvons interpréter la littérature celtique qui contient des bribes d’enseignement druidique. »
L’ouvrage, très riche par ses analyses et ses exemples, demeure tout à fait accessible et permet au lecteur de renouer avec notre héritage culturel celtique, trop occulté depuis la romanisation.