Olivier Reigen Wang Genh, disciple de maître Deshimaru, est à la fois président de l’Union Bouddhiste de France et de l’Association Zen Internationale. Pratiquant le zen depuis quarante-cinq années, enseignant le zen depuis trois décennies, il est toujours responsable du dojo zen de Strasbourg et du très intéressant monastère écologique Ryumen-Ji.
A l’heure ou la méditation est devenue un produit de développement personnel, il rappelle l’importance du cadre traditionnel :
« Je vois de plus en plus de personnes, de très bonne foi, venir au monastère et m’expliquer qu’elles pratiquent telle ou telle méditation depuis plusieurs années, seules ou vaguement accompagnées, et qu’elles en sont arrivées à des impasses douloureuses, beaucoup de confusion intérieure et, surtout, qu’elles éprouvent la désagréable impression d’avoir perdu du temps… Non, les applis de méditation, les stages de méditation, même avec un label « scientifique », les traitements thérapeutiques post dépressions et burn-out, les « méthodes » et autres « techniques » ne remplaceront jamais une pratique qui s’ancre dans une tradition transmise, enseignée dans le cadre d’un ensemble cohérent comprenant les aspects essentiels d’une pratique spirituelle : méditation et/ou prière, éthique, enseignements doctrinaux, générosité, altruisme, amour, bienveillance et capacité à réellement éveiller. »
Il commence son essai en rappelant qu’il faut pratiquer beaucoup et parler peu avant de présenter le cycle des morts et renaissances de manière saine, écartant les fantasmes qui perdurent :
« Il n’y a qu’une certitude dans ce domaine, c’est que ce « JE » ou ce « Moi » ne sera pas du voyage… puisqu’il est le fruit des causes et conditions de cette vie présente, le fruit s’évanouit lorsque les conditions de sa présence disparaissent… On peut en faire l’expérience… maintenant. Alors, soyons apaisés ! »
Olivier Reigen Wang Genh aborde la conscience de manière non-duelle, sans séparation :
« En réalité, il n’existe aucune dualité, aucune séparation entre « soi et les autres ». La seule séparation, c’est celle que nous créons nous-même. Où se situe la limite entre le moment où on est conscient de soi et le moment où on ne l’est plus ? Contrairement à ce qu’on pense en général, ces deux états ne sont pas opposés. On peut être conscient de ce qui est sans qu’il y ait une relation sujet-objet. »
C’est sous la forme du dialogue que sont abordés les thèmes fondamentaux d’une démarche d’éveil : le paradoxe de « l’illusion » du « Je », la question du temps, la nature de l’éveil, l’éthique et la bienfaisance…
Le discours est d’une grande clarté et plein de bienveillance pour le plus grand bénéfice des pratiquants, quelle que soit leur approche.
« Une partie absolument essentielle de notre pratique consiste à épousseter le miroir. C’est ce que nous faisons même la plupart du temps. C’est en époussetant le miroir qu’on peut réaliser que la poussière n’est ni un problème ni un obstacle. On peut même aller plus loin et dire que sans poussière il n’y a pas de miroir ! Sans illusions, il n’y a pas d’éveil… »
Source: La lettre du crocodile