Marianne Costa a déjà co-écrit avec Alejandro Jodorowsky un ouvrage sur le Tarot, intitulé La Voie du Tarot. Elle poursuit sa recherche sur cet outil, qui conserve son mystère, de manière originale avec ce coffret rassemblant un livre et une magnifique édition du Tarot de Marseille. Le livre lui-même propose une iconographie très riche.
Le premier mystère du Tarot est peut-être que nous en parlions. Comment ce jeu de société, apparu dans l’Italie du XVème siècle, a réussi à traverser les temps jusqu’à nous malgré les périodes de désintérêt ou d’hostilité ? Serait-ce en raison de sa dimension spirituelle ?
Marianne Costa parle d’un « Tarot intégral » prenant en compte la totalité des cartes et non pas seulement les vingt-deux arcanes majeurs. Elle s’en explique :
« Les propositions présentées dans ce livre sont le fruit d’un cheminement vers ce que j’appelle le « Tarot intégral », c’est-à-dire la capacité de lire avec la totalité du jeu, mais aussi en n’excluant aucun aspect de soi-même et en accueillant tous les éléments de la situation dans laquelle la lecture a lieu. Cette exigence d’intégrité obéit à la structure même du Tarot, qui s’adresse à tout le champ de l’expérience humaine sans rien laisser de côté. Du plus dense au plus subtil, du plus intime au plus manifeste, du plus trivial au plus sacré, ses allégories composent un paysage total, soutenu par la collaboration aimante du féminin et du masculin : Reines et Rois, Impératrice et Empereur, Papesse et Pape, les couples du Tarot sont les piliers d’un empire symbolique qui respire l’équilibre et la paix. »
L’ouvrage débute par l’histoire du Tarot de Marseille. Replacée dans son contexte historique et culturel, l’examen de la naissance du Tarot permet d’écarter fantaisies, dérives, ajouts inutiles. Si les origines exactes restent incertaines, le parcours du jeu dans l’histoire comporte également ses parts d’ombre. On ignore ainsi comment certains groupes marginaux ou confidentiels se sont appropriés le jeu et pour quel usage. Le jeu a fasciné de nombreux courants occultistes de la fin du XVIIIème siècle mais il fut pris aussi dans le tourbillon de l’égyptomanie ou intéressa les surréalistes. Eliphas Lévi eut une influence importante sur le développement du Tarot. Il le « réinvente » nous dit Marianne Costa, notamment en introduisant un lien avec l’alphabet kabbalistique. Cette réinvention va en appeler d’autres. Marianne Costa met en garde contre les nombreux auteurs qui vont s’appuyer sur les écrits de leurs prédécesseurs plutôt que d’examiner les images elles-mêmes. Cette question de l’étude de ce qu’offre l’image elle-même dépasse d’ailleurs la question du Tarot, elle concerne de manière générale l’étude des œuvres d’art, peintures en particulier.
Marianne Costa invite le lecteur à observer très attentivement le Tarot, ou plutôt un Tarot en particulier, avant d’établir une règle du jeu et de s’y tenir. Elle-même a choisi de se baser sur « la symbolique en vigueur dans la culture qui a vu naître le Tarot de Marseille et la numérologie pythagoricienne appliquée au Tarot par Paul Marteau et développée par Alejandro Jodorowsky ».
La deuxième partie de l’ouvrage structure « l’anatomie » du Tarot en distinguant ses aspects fonctionnels et dynamiques.
La troisième partie traite de la lecture du Tarot, une lecture ouverte dans laquelle la poésie du Tarot répond à la poésie de la vie.
La clarté et la progressivité de ces deux dernières parties permet au lecteur d’établir un rapport créatif avec ce jeu qui offre « un parcours chevaleresque qui nous mène de l’amour humain à l’amour absolu ».