Olivier Puclet est psychiatre, et Franc-maçon. Manifestement toujours plus psychiatre que Franc-maçon puisqu’il tombe dans le travers, devenu commun, de la psychologisation de l’initiation maçonnique alors que l’initiation commence quand la dimension psychologique laisse place à l’être. Ce mouvement intrusif du psychologique dans le monde initiatique est la conséquence de l’ignorance de plus en plus générale des sciences et arts traditionnels. L’auteur avoue d’ailleurs ne pas être capable de distinguer le psychique du spirituel en initiation.
Pourtant la matière est là, c’est d’ailleurs l’intérêt du livre. De l’alchimie au jeu de l’oie, en passant par le voyage d’Ulysse et le Petit Prince, nombre de mythes et corpus traditionnels sont survolés. Leur valeur n’est pas niée bien au contraire mais la dimension interne en est absente. L’érudition de l’auteur, la fluidité de sa pensée, ne se mettent pas au service de la finalité initiatique, celle-ci demeurant hors de vue. Nous avons parfois l’impression d’une retenue de l’auteur comme s’il n’osait pas franchir le pas et sauter dans le vide sans lequel aucune plénitude n’est possible.
Olivier Puclet manie bien les symboles, trop peut-être, oublieux que l’initiation commence réellement là où finissent les symboles. Parce que ce livre est très personnel, et en ce sens, l’auteur prend un risque considérable, il témoigne à la fois des richesses et des limites de l’initiation maçonnique prise dans les filets de contradictions stérilisantes de notre monde moderne.
Le point fort de cet ouvrage est sans doute l’accent mis sur les interactions qui fondent la fraternité et sur l’importance du voyage, ce qui pourrait conduire à un autre ouvrage rétablissant le sens du compagnonnage initiatique, si important et si délaissé.