Ce thriller s’inscrit dans ce nouveau genre qui mêle avec plus ou moins de bonheur policier, angoisse et mystère initiatique. Le lecteur y trouve quelques réussites pour beaucoup de déchets. L’Echiquier du Temple fait partie des réussites.
Jean-Luc Aubarbier est un historien des religions. Ce n’est pas un hasard si le lieu de l’intrigue est un ancien site templier de Dordogne, le château de Commargue. Partiellement en ruines, le château, une ancienne commanderie, inscrit dans un écrin naturel magnifique, est entouré d’une atmosphère de mystère propice à l’écriture romanesque.
Jean-Luc Aubarbier a rassemblé les faits et documents historiques pour les mêler à la fiction dans une continuité troublante pour le lecteur. Les faits donnent de l’épaisseur à l’intrigue, du caractère aux personnages et, très vite, le lecteur se prend au mystère. Le mystère de Commargue que les deux principaux personnages, Pierre Cavaignac, archéologue, et Marjolaine Karadec, sa complice, spécialiste du Moyen-Âge, vont s’efforcer de percer, fait partie du grand mystère des Templiers dont l’ombre plane, menaçante sur le déroulement de l’histoire.
Meurtre, trésor, sociétés secrètes nourrissent une intrigue solide autour d’objets anciens particulièrement recherchés dont un échiquier bien réel aux origines et à la fonction incertaines. Le livre n’est pas qu’un thriller maçonnique, il traite aussi du dessein de l’Ordre du temple, de ses grandeurs et de ses défaillances. On parlera aussi d’un « Da Vinci code » périgourdin mais ce livre vaut mieux que le produit de Dan Brown. Jean-Luc Aubarbier glisse dans ses pages une matière symbolique à explorer. Il interroge ainsi la fraternité à laquelle aspirent toutes les traditions mais qui se heurtent toujours aux mêmes obstacles de la division et du morcellement.
Si le lecteur plonge dans un thriller local à la portée universelle, il mesure aussi les conséquences tragiques des rêves malades des hommes. Le lecteur se reconnaît parfois, simple pion sur l’échiquier du Temple.