L'anarchisme ontologique d'Hakim Bey
Peter Lamborn Wilson (plus connu sous le nom de "Hakim Bey", signifiant "Le Sage" en arabe) est né à New York en 1945. C’est un écrivain politique et poète, américain, se qualifiant d'anarchiste ontologique et prônant un activisme révolutionnaire poétique. Depuis 2010, il vit en retrait de la société, on ne sait où : Hakim Bey semble mener une vie en parfaite conformité avec Ses principes (les TAZ ?), ou Le Principe (cher à René Guenon). Sans doute un mélange des deux.
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Si l’ontologie est un terme relativement clair, portant sur l’étude des propriétés de l’ "être", son étude peut néanmoins se draper de différents voiles: philosophique, métaphysique (scolastique) …et même théologique.
L’anarchie est pour sa part décrite comme une "philosophie politique refusant toute forme d’autorité et visant l’égalité sociale". Les commentateurs actuels (Modernes? Bien-pensants ? Bourgeois ?) la placent sous l’étiquette commode (et un peu fourre-tout) de "contre-culture", sous-estimant son potentiel initiatique et spirituel.
Or il existe un anarchisme mystique et Hakim Bey en est non seulement la preuve, mais aussi certainement la figure de proue.
Initié au tantrisme en Inde puis au soufisme en Iran - d’où son Nomen (nom Mystique) du "Sage" - Hakim Bey transcende et réunit à la fois les deux grandes familles historiques de la pensée anarchiste. En effet, si d’une part certains penseurs, tels que Max Stirner, ont prôné un anarchisme individuel, apolitique, basé principalement sur la liberté individuelle; d’autres ont en revanche privilégié un anarchisme social, tel Proudhon. Cet anarchisme est politique : il contient les germes d’un projet de société structurée. Il est en cela qualifié de révolutionnaire, compte tenu du poids (hélas, ndlr) grandissant des structures étatiques.
Hakim Bey, grâce sans doute aux initiations qu’il a reçues, n’a que faire des querelles de chapelles qui polluent les débats idéologiques, politiques, philosophiques où chacun cherche "à avoir raison sur l’autre" au lieu de privilégier "d’être en accord avec son soi-même"…. Bey se soucie donc essentiellement des questions existentielles et principielles portant sur l’articulation de l’Etre et de la Réalité. Son réquisitoire est d’ailleurs sans appel : il condamne toutes ces formes de "représentations" que constituent à ses yeux l’Etat, la Famille, le Territoire, l’Identité etc…. comme autant de masques illusoires, tronquant les rapports entre la réalité et l’êtreté …..
Si des Proudhon ou Bakounine acceptaient ces "médiations", Hakim Bey, lui, les balayent sans aucune hésitation, à l’instar de Guy Debord qui les qualifiait d’acteurs de sa "société du spectacle"….
Pensez-vous donc qu’il faille se détacher de ces représentations …. ou bien les combattre ?
Pour Bey, percevoir la réalité, c’est au préalable, se défaire de tous conditionnements et de toutes ces représentations / médiations…. Donc pensez-vous que l’on puisse établir une comparaison avec l’alchimie spirituelle et notamment ses deux premières étapes : l’œuvre au noir (érosion de l’égo) suivi de l’œuvre au rouge (déconditionnement psychique) ?....
Eléments de réponse dans cette table ronde réunissant David Bisson, Edouard Jourdain. Animation : Laurent Gayard.