-Voici un livre qui en surprendra plus d'un, et par son sujet, et par son contenu. Nous ne pouvons cependant que le conseiller tant ce livre est passionnant et nous laisse à découvrir une sainte bien éloignée de l'image surannée que nous en avons généralement.
Fait intéressant, c'est Georges Bataille, sur lequel l'auteur a écrit deux livres, qui est à l'origine de l'intérêt de Pierre Prévost pour Thérèse de Lisieux. Pierre Prévost nous rappelle aussi que René Guénon comme Albert de Pouvourville avaient pour l'un l'intuition, pour l'autre la connaissance "[...] qu'elle était autre chose que ce qu'on en a fait", invitation à aller au delà du sentimentalisme insupportable des écrits de la sainte.
Le lecteur appréciera les choix de l'auteur pour traiter ce sujet somme toute risqué :
"Ce présent livre n'est ni une hagiographie, ni une étude théologique, ni une histoire ; c'est un essai afin de dégager des écrits de Thérèse les points forts qui marquent sa mission. Ces points sont souvent voilés dans des exposés autobiographiques sentimentaux d'une rédaction enfantine, parfois difficilement supportable. Cependant, la mode d'aujourd'hui de références à la psychanalyse et autres sciences humaines sont écartées, estimant qu'elles ne sont que trop souvent la part du Malin. On a préféré, chaque fois que cela semblait possible, les interpréter en recourant aux grands maîtres d'une tradition vivante millénaire."
Approche traditionniste donc qui permet de dégager l'oeuvre de Thérèse d'un sentimentalisme aigu. Pierre Prévost, d'emblée, note qu'elle n'est pas une mystique et dit : "Ce qui est remarquable, c'est qu'une fillette, élevée dans une famille où la sentimentalité est dominante, formule des expressions qui relèvent de la métaphysique universelle.".
Au fil des pages, Pierre Prévost dessine le portrait d'une authentique initiée porteuse d'une mission :
"Une telle initiation ne peut se recevoir que par des individualités possédant des qualifications qui dépassent de beaucoup l'ordinaire et ayant des aspirations assez fortes pour attirer en quelque sorte à elles l'influence spirituelle, qui les rattachent à une chaîne initiatique. Dans le cas de Thérèse, cette chaîne est d'ordre marial, comme on peut le constater par le rôle que tient dans sa vie la Vierge Marie. Il y a nécessairement un contact réel, mais qui n'a assurément rien de commun avec des visions ou des rêveries qui ne relèvent guère que de l'imaginaire. Il ne s'agit donc là que de faits parfaitement positifs, et non pas de signes plus ou moins équivoques."
Le lecteur découvrira donc une Thérèse inédite en même temps qu'un hermétisme chrétien inattendu à travers les commentaires de l'auteur.
Tout à fait intéressant.