C’est Kant qui a posé le cadre philosophique de la dialectique entre droits et devoirs telle qu’elle s’inscrit dans les outils juridiques internationaux en matière de droits de l’homme. L’essai de Pierre Pelle Le Croisa préfère s’appuyer sur des sources traditionnelles, de l’Antiquité à la période plus récente marquée par la constitution de la Franc-Maçonnerie.
Il s’intéresse ainsi à la célèbre devise "Liberté, Egalité, Fraternité" avant qu’elle ne s’inscrive sur les frontons révolutionnaires et républicains, pendant la Révolution française et après. Quel est le sens aujourd’hui de ces trois mots sont la juxtaposition devrait générer un art de vivre ? ""Liberté, Egalité, Fraternité", précise l’auteur en introduction, est la seule devise qui concerne tout l’homme : elle donne du sens à sa vie de tous les jours (c’est le monde profane, celui du citoyen) ; et elle lui révèle au grand jour le sens de sa vie (c’est le sens de l’initié, celui du Franc-maçon).
Nous l’étudierons dans sa totalité, sous les deux angles de sa vie : dans son existence, et dans son essence." L’histoire de la devise, les questions des droits et des devoirs, du droit à la vie et du droit de mourir dans la dignité, de la liberté, de l’égalité ou de l’équité, des fraternités du sang, de l’esprit et du cœur, nourrissent la pensée de l’auteur, une pensée nécessairement contradictoire sur des questionnements qui soulèvent de nécessaires antinomies. C’est justement dans la tension entre des opposés que les valeurs se construisent. L’auteur met en évidence ce que la Franc-maçonnerie devrait ou pourrait apporter à cet ensemble en nous conduisant de la forme, nécessaire sur le plan sociétal, à l’essence, à travers les valeurs interrogées. Plutôt que de laisser s’insinuer les comportements profanes dans l’espace sacré du temple maçonnique, il s’agit de laisser s’épanouir ce qui naît dans le temple vers le monde profane, jusqu’à annuler cette distinction profane-sacré. Les choses ne vont pas de soi rappelle Pierre Pelle Le Croisa. La fraternité se construit pas à pas et elle doit être gardée.
Il remarque très justement que ce ternaire "Liberté, Egalité, Fraternité" serait déséquilibré sans l’un de ces trois composants. "Chacun des trois termes de la devise correspond à l’une des trois composantes que les cultures confèrent, par tradition, à l’homme ; à savoir le corps, l’esprit et l’âme. En effet, si la "liberté de pensée" est toujours possible – nous l’avons signalé – il n’en va pas de même pour la "liberté de mouvement" ou la "liberté d’action" ; c’est elle qui peut être empêchée, bridée, enchaînée : la liberté, pour être pleinement réalisée, doit donc passer par l’expression du corps. L’inégalité est la "loi de nature" - nous l’avons souligné. Il faut faire un effort de volonté, imposer le " droit à l’égalité" comme principe pour le faire admettre dans la société : il est donc l’expression d’un esprit qui revendique la justice entre les hommes, pour soi et pour les autres. La fraternité – qu’elle soit du sang, de l’esprit ou du coeur – ne va pas de soi non plus.
Il faut forcer sa nature, surtout à l’égard de ceux pour lesquels nous n’avons pas d’empathie, pour tendre vers elle : la fraternité est donc l’expression du cœur. Le corps (par la liberté), l’esprit (par l’égalité) et le cœur (par la fraternité) réunifient l’homme, dans son essence comme dans son existence."
MdV Editeur