La symbolique médiévale est malheureusement trop méconnue de nombre de cénacles traditionnels, interdisant ainsi la lecture herméneutique des livres de pierre de la vieille Europe.
Après avoir publié un ouvrage général et collectif sur le sujet, Le message initiatique des Cathédrales, MdV Editeurs nous propose d’appliquer cette science et cet art au cas exemplaire du portail de la cathédrale d’Oloron-Sainte-Marie, « la Venise béarnaise », vieille cité à l’histoire complexe et riche, connue pour fabriquer les fameux bérets du Béarn, plus connus comme bérets basques.
La cathédrale d’Oloron-Sainte-Marie eut une histoire agitée depuis le début du XIIème siècle jusqu’aux années 1860-1861 où Viollet-Le-Duc décide sa restauration.
Le portail roman apparaît comme un pèlerinage vers le Grand Œuvre. Jean Sernin en décrypte quelques arcanes pour extraire l’enseignement de la pierre. Il est question de la voie brève à travers la sculpture des vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse et de la voie longue dans les représentations des scènes agricoles ou de voie quotidienne porteuses de temporalité, de cycles et de rythmes.
L’auteur insiste avec justesse sur la fonction initiatique du « parfum, semence divine », le parfum qui « rend perceptible l’invisible ». Puis, il évoque la musique, autre vecteur ou célébration de l’harmonie céleste. Enfin, il entreprend de décoder la symbolique proposée : « L’agneau ou le feu secret – La gueule monstrueuse, le gardien du seuil céleste – La descente de croix, la lumière révélée et la transmission de la Tradition – Le chrisme, soleil caché de la lumière incréée – Le taureau tirant la langue, ou le gardien du message de l’œuvre – Les scènes de vie quotidienne : l’appel du Maître au banquet alchimique – Le sanglier ou le porc – Le saumon – Le baquet ou la découverte de la pierre des sages – L’homme entre deux griffons ou la pierre de la connaissance – Le Christ dans la mandorle entouré de deux lions, ou la porte de la plénitude – Le lion dévorant l’homme ou le mystère de l’incarnation de la lumière divine – Le cavalier et son destrier, ou la royauté en esprit née du ciel – Les hommes entravés se tirant la barbe ou la découverte du volatil dans la matière première – Les hommes nus s’écartant la bouche de leur main, gardiens de la connaissance et de la transmission du Verbe – Les animaux hybrides, gardiens farouches du sanctuaire – La femme nue à la chevelure abondante ou l’énergie indifférenciée de l’Œuvre - Le sagittaire et l’oiseau ou la rencontre de l’initié avec l’âme du Grand Œuvre – Quatre lions à trois têtes ou un chemin par les Nombres – Les hommes enchaînés ou devenir une pierre de l’édifice sacré – Le Festin de Dieu. »
Si les interprétations de l’auteur tendent plutôt vers une symbolique spirituelle, le lecteur averti n’aura aucune difficulté à s’approprier la portée opérative des symboles ici agencés pour une alchimie de laboratoire.
Mais, c’est dans l’église Sainte-Croix d’Oloron, et plus précisément dans les trois chapiteaux du chevet, avertit Jean Sernin, que le mystère de la cathédrale se révèle : « Le serpent et l’arbre de la connaissance, ou la porte de l’initiation – L’être aux trois visages ou l’offrande de la vie – Le Christ Maître d’œuvre et les œuvrants ou la communauté éternelle des bâtisseurs ».
Nous avons avec la cathédrale d’Oloron-Sainte-Marie et l’église Sainte-Croix d’Oloron un superbe exemple de ce que peut nous livrer la symbolique médiévale dans son art monumental. La double approche, compagnonnique et alchimique est indispensable pour saisir le message laissé dans la pierre.
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