Pratiquer l’Ayurvéda
L’Ayurveda est une médecine indienne très ancienne dont l’étymologie provient de la juxtaposition du terme Véda ("connaissance intuitive", "vide" qui renvoie au "voir, percevoir" et dont le mot latin video- videre est issu) avec le mot "Ayur" (longue vie) nous dit Colette Poggi, sanskritiste.
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A travers l’histoire de cette médecine millénaire, qui partant de l’Inde, a traversé l’Arabie, l’Europe de l’Est pour gagner l’Occident (passons sous silence l’interdiction d’exercice que la Couronne britannique lui imposa jusqu’en 1947) : les présupposés de cette médecine s’adressent-ils aux mêmes réalités scientifiques que notre médecine occidentale ?
Pour Kiran Vyas (Directeur des centres Tapovan), la réponse est affirmative tout en nuançant : "la médecine ayurvédique se propose de soigner trois niveaux d’une même personne : premièrement, elle soigne le corps physique, en second lieu elle tente de prévenir les maladies et en troisième lieu elle vise le bonheur, l’épanouissement du patient".
Pour Falguni Vyas (médecin ayurvédique) de préciser : "la première chose à déterminer, c’est la Prakriti d’une personne. La Prakriti, c’est la proportion des cinq éléments que sont la Terre, l’Eau, le Feu/Lumière, l’Air et l’Ether. Ces cinq éléments varient pour chacun de nous en fonction de 1°) l’alimentation, 2°) l’âge, 3°) les saisons, 4°) son état d’esprit, 5°) son sommeil, 6°) sa relation avec soi-même, 7°) sa relation avec les autres".
Sept variables subtiles, qui permettent au médecin de faire du sur-mesure pour chaque patient. Un souci de précision dont s’encombre peu notre pharmacopée occidentale qui cherche à appliquer pour tous les individus, sans aucune distinction, le même traitement… (diabolique mélange des notions d’unité et d’uniformité appliqué au genre humain… rentabilité oblige… et servant moins l’Homme que ses gros conglomérats financés sur le dos de la collectivité ! ndlr)
Ainsi, pour une personne à prédominance Vata, (air/esprit), ou Pitta (feu/bile), ou Kapha (terre/eau) : la recommandation portant sur l’alimentation, les mouvements, la méditation, ou les massages sera distinctes.
Comme nous le rappelle Colette Poggi "Le corps dans sa globalité est conçu comme un véhicule dont il faut sans cesse équilibrer les composantes. Tout est en perpétuel mouvement, ainsi les termes de "Jagat" (le monde, ce qui est en mouvement), ou "Samsara" (tout ce qui s’écoule) nous rappelle que les corps, qu’ils soient physiques ou subtils sont sans cesse en train de se modifier, l’Ayurvéda vise ainsi à apporter un équilibre dans tous ces mouvements. Tant sur un plan intérieur (le corps, la santé, le microcosme) que sur un plan extérieur (les rapports au monde, l’harmonie, l’équilibre psychique, le macrocosme)….
Un ensemble thérapeutique passionnant puisqu’il parvient à allier une interprétation littérale, pratique, à une dimension symbolique, globale et métaphysique de tout-à-chacun… difficile numéro d’équilibriste auquel le monde occidental, discursif et séparatiste est peu enclin…
Selon vous, cette science indienne rejoint-elle, en reprenant l’interrogation de Michel Cazenave, l’enseignement des écoles alchimiques qui fleurirent dans le haut moyen-âge, notamment à Salerne ?
Réponse de Kiran Vyas (centre Tapovan présents en Normandie et à Paris), Colette Poggi (sanskritiste), Sandrine Lemasson (médecin ayurvédique, spécialisée dans les nourrissons), Françoise Blanc (professeur de Hatha-Yoga) et Falguni Vyas (médecin ayurvédique) dans cette table ronde de 41 minutes, animée par Michel Cazenave et enregistrée au Forum 104.