Cagliostro. Les arcanes du Rite Egyptien

Cette nouvelle édition augmentée du livre de Denis Labouré consacré à Cagliostro et à son rite nous arrive dans un contexte légèrement plus favorable à la réception de Cagliostro. Cependant, les résistances à l’étude de la Haute Maçonnerie Egyptienne demeurent, y compris dans les milieux maçonniques, elles sont souvent idéologiques et partiales.

Denis Labouré commence par faire le point sur le « nœud napolitain », soit sur cette source napolitaine du XVIIIe siècle qui a irrigué les courants traditionnels de l’Italie et au-delà. Il part sur les traces du prince Raimondo di Sangro di San Severo et de la Loge Perfetta Unione. Ce que nous appelons aujourd’hui l’Ecole de Naples a engendré plusieurs vulgarisations ou extériorisations, certaines relatives, dont le rite de l’Etoile Flamboyante du baron de Tschoudy, le Temple Philosophique du Soleil de Charles Geille, le rite dit de Cagliostro, et la Fraternité Thérapeutique et Magique de Myriam y compris l’Ordre d’Osiris qui l’anime, qui reste l’expression la plus aboutie de ce courant par son corpus exceptionnel. Autre personnalité de premier plan sur lequel s’attarde Denis Labouré, Federico Gualdi, l’un des animateurs de l’Ordre de la Rose-Croix d’Or qui existait dès le XVIIe siècle, antérieurement à la branche allemande. Denis Labouré clarifie grandement le contexte de l’apparition du rite de Cagliostro, les influences, les héritages.

Dans une deuxième partie il cherche à cerner le personnage, encore controversé, de Cagliostro, les conditions de la création du Rite Egyptien, l’objectif et le programme du rite dont la place essentielle des deux quarantaines. Denis Labouré propose une riche interprétation de celles-ci en vue de leur mise en œuvre régénératrice. « Le processus initiatique implique la totalité de l’être qui prétend recevoir le divin dans toute son épaisseur ; physique, psychique et spirituelle. » écrit-il.

La troisième partie rassemble les rituels du Rite Egyptien (loge masculine et loge féminine), transcrits à partir des travaux de Marc Haven et prenant en compte le travail de Robert Amadou qui avait publié les rituels dans L’Esprit des Choses à la fin du siècle dernier.

La quatrième partie traite de l’alchimie possiblement véhiculée par le Rite Egyptien. Cette partie est très pédagogique et permet au lecteur de se doter d’un cadre clair pour penser et expérimenter les processus alchimiques, notamment à travers la spagyrie. Denis Labouré décrit longuement les étapes de la création d’un élixir spagyrique ce qui lui permet de poser les principes qui opèrent dans ce qu’il appelle « la voie de la rose » avec son lot habituel de mises en garde et une dénonciation curieuse de « l’autisme des alchimies internes », une expression fort malheureuse pour les autistes. 

Pour soutenir cette voie, il puise avec justesse dans les textes et interprète les mythes afin de développer un ensemble cohérent et tout à fait concret sans pour autant réduire la dimension philosophique et spirituelle.

En annexe, nous trouvons un épisode plus personnel qui conduit Denis Labouré sur les pas de François de Chazal, né à Montbrison en 1731, Montbrison que connaît bien l’auteur depuis son enfance. Il y voit là presque comme une filiation. Ce qui le conduit à l’un de ses descendants, Malcom de Chazal, l’écrivain si marquant de l’Île Maurice qui lui aussi s’intéressa aux voies internes. Cela ne manquera pas d’intéresser notre ami Joseph Tsang Mang Kin, qui dirige la Maçonnerie égyptienne de l’océan Indien et au-delà, ancien ministre de la Culture de l’Île Maurice et spécialiste de Malcolm de Chazal.

Source : La Lettre du Crocodile

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