Christine Morency, déjà auteur de L’Absolu est ici poursuit sa restitution créatrice de l’éveil. Si le premier livre était constitué de révélations spontanées, ce deuxième livre est davantage une mise en mots réfléchie de son expérience et ses conséquences.
« Même si le phénomène appelé éveil est impossible à expliquer concrètement, à définir ou qu’il soit même impossible d’en apporter un aperçu, c’est dans un désir de jouer le jeu, de mettre des mots et de laisser libre cours à l’aventure de l’écriture que ce deuxième livre a été écrit. »
Chaque chapitre aborde un « aspect » de l’éveil. Christine Morency commence par répondre à la question impossible : qu’est-ce que l’éveil ? C’est par la dimension métaphorique de la langue qu’elle cherche à donner au lecteur le pressentiment de la nature de l’éveil, relevant à la fois du caché et de l’évidence.
« L’événement appelé éveil, nous dit-elle, ne provient pas de la personne qui tout à coup, par exemple, devant un coucher de soleil, prend conscience de la beauté des choses et détache momentanément son attention en se sentant être. L’événement appelé éveil ne provient pas de la personne, car cet événement est précisément la disparition de la personne, vue tout à coup comme un assemblage de concepts, d’idées, de croyances et de formations mentales et émotionnelles, devenues ce quelque chose pour lequel vous vous preniez. »
« Je suis Conscience », « Je suis Tout et Rien », « Je Suis »… La mise en mots impossible contraint à user de formules de jaillissement.
« C’est le grand paradoxe mystérieux, Ce que Je est réellement (non pas réellement, mais Suis réellement parce que c’est ici que ça se passe) se déclare et se dévoile lorsque moi s’abandonne. Non pas un abandon volontaire, car le moi est construit par le vouloir, le désir, le faire, et le il faut. Un abandon né de la grâce qui n’est absolument pas une obtention à cause d’une quête… »
La recherche, l’engagement, la technique ont peu avoir avec l’évidence de l’Être, de la Conscience totale, ce qui ne signifie pas que les abandonner soit nécessaire. Christine Morency évoque « un abandon non volontaire ».
Un chapitre traite des dualités : manifesté-non manifesté, moi-non moi, dualité-unité, et autres.
« La dualité c’est le Un qui se représente en partie, dans toutes les infinies possibilités. Les contraires sont alors naturels puisque le Un ne se met aucune limite.
Mais le Un peut-il vraiment se séparer ? Non… d’où le savoir non mental et évident que ce monde duel n’existe pas vraiment, comme lorsque l’on se réveille après un rêve de nuit. »
La Conscience non séparée modifie radicalement la place du corps et le rapport entretenu avec lui, qu’il soit dans le plaisir ou la douleur. Le corps n’est jamais hors Conscience ce qui suggère une capacité d’auto-réparation ne nécessitant aucune intention, aucun faire, aucune stratégie.
Christine Morency écarte avec douceur bien des croyances erronées, des obligations et des contraintes qui pétrifient. La non-identification est corollaire à la non-séparation. L’intégration de notre vraie nature est unique, propre à chacun, sur le fil unique de la liberté.
Source: La Lettre du Crocodile