L’auteur, Edouard Salim Michaël (1921-2006) est d’origine anglo-indienne. Né en Grande-Bretagne, il passa de nombreuses années en Inde ; terre de sa grand-mère. Il pratiqua assidûment la méditation pour connaître à 33 ans une expérience d’éveil qui modifia grandement son rapport au monde.
L’ouvrage, très structuré, est organisé de manière thématique et s’adresse à des « aspirants » ou « chercheurs » confrontés aux difficultés ou hésitations qu’il a lui-même décelé chez ses élèves.
Il commence par aborder la question du « sens du mystère » rappelant la nécessité de l’engagement et de la discipline indispensables pour que la Grâce puisse se manifester.
« Tout travail spirituel réel implique de la part du chercheur un contrôle délibéré et répété des mouvements désordonnés de son mental, insiste-t-il. Afin d’y parvenir, une pratique assidue de la méditation ainsi que de divers exercices de concentration qu’il lui faut effectuer dans la vie active s’avère indispensable pour re-diriger son attention vers le but de sa quête chaque fois qu’elle va à la dérive. (…)
Afin que l’aspirant soit soutenu dans ses efforts pour demeurer intérieurement profondément présent et conscient de lui-même, il faut que le sens du mystère reste toujours vivant en lui, l’accompagnant partout et dans tout ce qu’il fait : le mystère de cet énigmatique appel silencieux qui se fait sentir en lui aux moments les plus inattendus et qui le dépasse, le mystère de l’Impersonnel qu’il porte en lui et qu’il désire reconnaître et appréhender, le mystère du Cosmos, le mystère du but de la Création, le mystère de sa propre vie, de sa conscience, de son esprit, et ainsi de suite. »
Le deuxième thème abordé est la question si importante du temps et de la répétition. Sans aller au bout de l’interrogation du temps, il montre l’intérêt de modifier par la pratique l’influence du passé afin de se libérer de la répétition. Ce qui le conduit à analyser les mécanismes mémoriels et le pouvoir des impressions.
Il invite le pratiquant à la discrimination, à ne pas confondre le moyen et le but, à ne pas se perdre dans des pratiques occupationnelles sans réel impact sur l’être, à se garder des ambiances lourdes ou toxiques, à reconnaître quand il dort ou rêve sa vie, à percevoir l’emprise du tangible qui masque la liberté de l’être. Edouard Salim Michaël analyse les multiples points qui affectent le chercheur et nuisent à sa démarche.
« Tout au long de ce mystérieux voyage spirituel en quête de lui-même, il arrive certains jours où, pour une raison qui lui demeure incompréhensible, le travail intérieur de l’aspirant est relativement facile et ses efforts gratifiants, tandis qu’en d’autres occasions (peut-être en raison d’une fatigue morale ou physique, de problèmes de santé ou de difficultés qu’il rencontre dans sa vie extérieure), ses pratiques spirituelles sont lourdes, difficiles ou même pénibles. Il peut alors éprouver, comme dit auparavant, une souffrance d’un genre particulier qui relève du domaine spirituel. Le fait d’accepter de rester avec cette souffrance, sans chercher à la fuir, lui permettra de traverser ce passage douloureux jusqu’à ce qui l’appesantit soit sublimé et qu’il se sente à nouveau relié à un autre état d’être et de conscience en lui.
Il est demandé au chercheur de devenir, comme certains très rares grands compositeurs de musique ou peintres, un être extrême s’il souhaite parvenir au but de sa recherche spirituelle. »