Cette « mise en œuvre de l’initiation » à travers deux outils hautement symboliques de la Franc-maçonnerie, issus à la tradition des bâtisseurs, fait le point sur leurs fonctions associées dans le processus de taille de la pierre. Alors que la plupart des loges ne pratiquent plus le tracé et l’effacement du Tableau de loge, nous avons perdu une part de la puissance du symbole.
L’auteur rappelle tout d’abord ce qu’est le symbole et ce qu’il n’est pas : « En apparence, le symbole est image ; en réalité, il est la voie royale pour atteindre la pensée sans images, celle du concept pur. Il est tracé par l’art du Trait qui fait venir au monde des représentations concrètes de concepts abstraits.
Le symbole est un pont par lequel le concept sort de l’invisible et se rend perceptible. En reliant le ciel et la terre, il offre la possibilité de communiquer avec le sacré. Les symboles du Tableau de loge expriment la pensée du Principe et révèlent le plan de construction du Grand Architecte de l’Univers, la Puissance de Son œuvre et les puissances qui la réalisent. Ils sont les lettres-mères d’une langue sacrée dont la formulation fait passer le concept de la potentialité à l’acte. »
Et de poursuivre :
« Ciseau et maillet peuvent donc être appréhendés sur trois plans. En tant que concepts, ils appartiennent au monde le plus élevé, celui de la pensée du Grand Architecte ; en tant que symboles, ils rendent celle-ci perceptible ; en tant qu’outils, ils servent à accomplir l’acte de création concrétisant l’œuvre du Créateur. Ces trois plans constituent une unité et c’est cette unité qui est présentée à nos sens sous la forme du ciseau et du maillet tracés sur le Tableau de loge. Lorsque celui-ci est effacé, ciseau et maillet retournent dans l’invisible mais la puissance de leur réalisation demeure.
Joseph Noyer traite des mythes et divinités liés au ciseau et au maillet, Ptah en Egypte ancienne, Héphaïstos en Grèce notamment avant d’étudier les origines, les fonctions et la symbolique des deux outils sans jamais perdre de vue l’essence et la réalité du travail. Les deux outils interrogent dans leur mise en œuvre effective l’expérience dualiste quand ils s’unissent au service de la taille de la pierre.
« Le Trois, précise l’auteur, et la ternarité qui met en œuvre la pensée créatrice, prend appui sur la dualité pour, par le troisième terme, la porter au-delà de ce monde et relier au monde de l’Un, à l’universel. »
Après un premier ouvrage consacré, dans la même collection, au fil à plomb et à la perpendiculaire, Joseph Noyer poursuit ainsi l’exploration de la symbolique si riche des outils de bâtisseurs.