Cette seconde édition, largement enrichie, rendra bien des services, vingt-cinq ans après, à tous ceux qui s’interrogent sur le sens des mots qui composent leurs rituels, apparemment familiers. Si la base de ce dictionnaire demeure le vocabulaire du Rite Ecossais Ancien et Accepté, cette édition intègre la terminologie d’autres rites couramment pratiqués en Europe dont le Régime Ecossais Rectifié, le Rite Emulation, le Rite Français, le Rite de Memphis et de Misraïm, le Rite d’York mais aussi des rites féminins du régime d’adoption et de l’Eastern Star.
Il est évidemment difficile de rendre compte des différences et des nuances de sens d’un rite à l’autre tant cela exige une connaissance approfondie de chaque rite, toutefois, ce dictionnaire constitue une base de travail qu’il convient d’approfondir, ailleurs et autrement, en fonction des questionnements du lecteur.
Parmi les mots étudiés, il y a les nombreux hébraïsmes qui ponctuent les rituels, près de 80% des mots sacrés et de passe, relève Michaël Segall. Il classe ces hébraïsmes en diverses catégories, notamment d’après leur état et leur origine :
« A une première catégorie nous pouvons attribuer des mots ainsi que des expressions facilement reconnaissables, quoique parfois usées par le temps et présentées avec une orthographe archaïque. Il n’y a pratiquement jamais de doute quant à leur signification et à leur symbolisme. (…)
Une seconde catégorie est constituée par des termes et des expressions provenant du Zohar et d’autres ouvrages majeurs de la Kabala, souvent à travers les traductions et les spéculations de Khunrath, Cornélius Agrippa, Knorr von Rosenroth et par l’intermédiaire d’occultistes comme Eliphas Lévi ou Papus. J’y compte notamment les noms des Sephirot.
Une troisième catégorie est constituée par des mots et des expressions appartenant à la Kabala, mais reconnaissables comme faisant partie de l’angéologie et de sa démonologie tardive. D’habitude ils sont extrêmement déformés (…).
Une quatrième et dernière catégorie est constituée de mots mais surtout de phrases fabriquées de toutes pièces par des hébraïsants approximatifs (…) »
Outre les approximations et erreurs initiales, les copies répétées ont encore introduits de nouvelles déviations. La prudence s’impose donc devant ce corps de mots d’origine hébraïque ou prétendue telle.
Mais les hébraïsmes ne constituent qu’une part, certes importante, de ce dictionnaire. Les mots de notre langue demandent aussi à être précisés dans le contexte maçonnique en général, et dans le contexte du rite en particulier.
L’auteur fait une présentation synthétique des différents rites qu’il explore par son vocabulaire. On émettra quelques réserves à ce sujet au constat de sa méconnaissance notamment des rites maçonniques égyptiens même s’il renvoie le lecteur à l’excellent ouvrage de Gastone Ventura. L’expression « arcana arcanorum », cœur du rite de Misraïm, est d’ailleurs absente du dictionnaire. De même pour les couleurs, on notera l’absence du vert si important au RER.
Ce dictionnaire restera donc très utile surtout pour ce qui composait sa première édition de 1988, c’est-à-dire pour les mots courants de la Franc-maçonnerie, communs aux différents rites et ces fameux hébraïsmes qui demandent éclaircissement.