Le logos, un appel vers la métaphysique
« Le monde n’est pas que matériel, n’en déplaise aux rationalistes, il est en effet constitué de formes* de natures subtiles et psychiques… Oser infirmer cet axiome plurimillénaire relève d’une méconnaissance inacceptable aujourd’hui » affirme, avec assurance et conviction, Jean Borella, en introduction de ce second volet. Second volet consacré à l’analyse de la lente et progressive dépréciation de tout Principe Supérieur, de verticalité, au profit d’une lisse et superficielle horizontalité nommée « morale » ou « organisation sociale ».
abonnez-vous pour un accès à tout le catalogue !
Si notre premier volet abordait principalement les questions de cosmologie (Galilée, Newton) et la lourdeur de « l’héritage kantien », Jean Borella s’attaque ici au volet plus contemporain de cet aplanissement : la philosophie politique (Marx, Engels Feuerbach), la psychanalyse (Freud), la linguistique (Saussure) et le structuralisme (Derrida).
« La raison humaine ne peut pas s’amputer de sa dimension métaphysique, de cette recherche de ce Sens des Sens. Sans ce Logos, elle avance, en claudiquant, vers un abyme »
A travers de nombreux exemples et citations, Jean Borella va s’attacher à dépeindre cette lente involution, qui, depuis Spinoza jusqu’à Derrida, en passant par Ricoeur et Levi-Strauss, incite toujours un peu plus l’homme à évacuer de sa pensée la recherche de ce « Sens Suprême ».
Un déni, conduisant notre humanité à une uniformité et à un étouffement de ce feu intérieur et qui ferait blêmir de honte un Prométhée dont, pourtant, Marx et ses disciples se réclamaient (« j’ai de la haine pour tous les Dieux »).
Si la plupart de ces penseurs ont systématiquement critiqué, voire conspué, la religion, lui reprochant d’asservir l’homme et d’être l’alliée du capitalisme.
Si la plupart de ces penseurs, dans leurs juvéniles et narcissiques élans intellectuels, ont systématiquement souché leur pensée en reniant l’héritage de leurs ainés, présocratiques inclus, accouchant dans le meilleur des cas d’une « mauvaise métaphysique », on est en droit de se poser la question : de quel monstre (i.e. la société actuelle) sont-ils les géniteurs ?
Eux, qui se sont violemment érigés contre l’individualiste, le capitalisme, la paupérisation et infantilisation des individus : revendiqueraient-ils la paternité de l’héritage qu’ils nous ont pourtant laissé ?
Heureusement, Jean Borella, pointe l’existence de quelques tremplins possibles, allant dans le sens de ce sursaut métaphysique qu’il appelle de ses vœux : du côté des sciences cognitives ou de la physique quantique….
« Par la physique quantique, la matérialité du monde a disparu…» conclut-il.
* « formes » aussi appelées, ici, « domaines de survol absolu » expression que l’on doit au philosophe nancéen Raymond Ruyer, proche de Jean Borella, dont l’ouvrage le plus connu demeure « la Gnose de Princeton » (Ed. Fayard,1974). Ruyer utilisait cette expression « afin de se démarquer d’Aristote, qu’il n’aimait guère » (J.B.)