Contester les croisades au nom de l’Évangile, XIIe et XIIIe siècles.
Les enseignements du Christ enjoignent à la pénitence, au prêche et à l’amour de son prochain. Dès lors : quels fondements théologiques, et quelles circonstances historiques, conduisirent papes, évêques et princes à exhorter leurs clercs, chevaliers, croisés et templiers à prendre le chemin de Jérusalem, et au passage « trucider religieusement » hommes, femmes et enfants ?
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Martin Aurell est historien, spécialiste de cette période. On lui doit notamment l’ouvrage : « Des Chrétiens contre les croisades: XIIe-XIIIe siècles » (Ed. Fayard, 2013)
Tuer au nom du Christ : une hérésie ? Quelle est la place du pacifisme et de la politique dans le christianisme ?
Les travaux de Martin Aurell contredisent l’idée qu’un consensus entoura les croisades. Au contraire : ils mettent en avant les nombreuses voix de discordes (moines, prêtres et mêmes troubadours) qui ont contesté, vigoureusement, le bien-fondé de ces « missions prédicatrices » et dénoncèrent l’avidité des grands ordres, « devenus ivres de leur richesse ».
Ce qui démarra comme une libération (armée) des voies menant au Saint-Sépulcre – et une guerre contre les turcs - se transforma au fil des années en guerre fratricide : contre les chrétiens d’Orient puis contre les albigeois, devenus les célèbres « Cathares » …
Qu’est-ce qu’une guerre « sainte », une guerre « juste » ? Interroge Martin Aurell. Force est de constater que malgré les huit cents ans qui se sont écoulés, une grande confusion entoure, encore aujourd’hui, cette dialectique entre « pouvoir temporel » et « pouvoir spirituel ».
Ainsi entre le XIIe. et XIIIe. siècle (notamment l’année 1204, marqué par le saccage inter-chrétiens de Constantinople par les Croisés), ce qui avait démarré un siècle plus tôt (1095 Concile de Clermont) comme une guerre des chrétiens pour libérer les voies d’accès au tombeau du Christ à l'encontre des turcs qui bloquaient cet accès aux chrétiens, se transforma en une guerre fratricide, entre chrétiens.
Les chrétiens d’Orient d’abord, puis « l’hérésie cathare », ensuite, dans le sud-ouest de la France.
Sur deux siècles d’histoire, Martin Aurell brosse ainsi l’évolution des positions des monarques, papes et chefs de guerre, cela en prêtant une attention toute particulière aux « voix dissonantes », celles qui se sont opposées à ces croisades : Gratien, Pierre Damien, Isaac de l’Etoile, Jean de Salisbury, Thomas Beckett, Gautier Map, Bernard de Chartres…
Avez-vous envie de mieux connaitre cette période, et découvrir par la même occasion l’idée de « nouvelle chevalerie » qui jaillit à cette époque ?
Eléments de réponse dans cet exposé donné dans le cadre des Journées Henry Corbin que nous remercions.