Politique et ésotérisme : quelles intrications ?
Nous vivons une époque paradoxale à plus d’un titre: malgré une prolifération "d’enseignants spirituels", et de multiples sollicitations pour suivre une spiritualité souvent "à la carte" : jamais le contenu de ces enseignements n’a été aussi pauvre.
Ce que certains commentateurs nomment la "famine spirituelle" actuelle semble néanmoins contre balancée par une surabondante possibilité d’accès à l’information, et cela notamment grâce à Internet. La quantité tente de maquiller, de suppléer à la qualité.
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Depuis plusieurs siècles différents schismes (dialectiques ou initiatiques selon l’angle où l’on se place) se sont formés :
notamment entre le sacré et le profane, l’unité métaphysique et la multiplicité du réel, la modernité et la Tradition, l’historicité (la petite histoire) et l’historialité (les événements de l’âme), l’infra-politique et la métapolitique.
Ce mouvement de sécularisation qui privilégie le temporel au spirituel et qui caractérise nos sociétés modernes a ainsi défait le lien qui unissait jadis le collectif à l’individuel, la Société au Salut. Nos politiques ont abandonné (voire rejeté) cet idéal, ou cette prérogative d’antan en les reléguant à la sphère du domaine "privé".
L’utopie (étymologiquement le lieu qui ne se situe nulle part) et son exigence de gouvernement idéal régit selon le haut "intérêt général" s’est ainsi vu remplacée par une sorte d’ingénierie sociale éminemment horizontale, politicienne, menacée par la facilité de la démagogie: de nos jours, les hommes de puissance ignorent les hommes de connaissance. Triste constat.
Cependant : "l’hermétisme et l’ésotérisme viennent brouiller cet état de fait!" nous-dit avec enthousiasme David Bisson. En effet, dans la lignée de penseurs tels que Raymond Abellio, René Guénon, Michel de Certeau, Henry Corbin, Antoine Faivre ou Christian Jambet: David Bisson nous rappelle que le lien qui a de tout temps unit le macrocosme au microcosme, l’univers et l’individu n’est pas rompu, loin de là.
Ainsi, l’homme, avant de "changer la société", doit "se changer" lui-même …. Adage qui ne ferait pas pâlir ni Thomas, ni Matthieu, ni Pierre Rahbi et ses Colibris !
Pensez-vous qu’il faille s’engager dans une révolution ontologique ou bien dans une révolution politique ?
Selon vous, "une politique apaisée à contenu ésotérique est-elle possible ?" (cf. Michel de Certeau)
Réponse de David Bissson dans cet exposé de 47 minutes filmé lors des dernières journées Henry Corbin à l’Inalco.