L’esprit de la Kabbale
Le corps, l’âme et l’esprit forment trois plans de réalité qui demeurent en perpétuelle interaction les uns avec les autres. Ainsi, « les mouvements d’un plan se propagent aux autres, telle une corde que l’on remue et dont les ondulations remontent par vagues successives aux plans supérieurs….», nous-dit Julien Darmon. L’auteur vient de faire paraître « L’esprit de la kabbale » (Albin Michel, 2017). Son ambition : rendre intelligible ce qui constitue la quintessence de la pensée juive, dans son versant ésotérique, la Kabbale. Un terme qui s’écrit en hébreu קבל (qof bet lamed) et qui signifie « réception ».
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Une entreprise éminemment louable, et passionnante, qui part de cette trine répartition (corps = Talmud et halakha, âme = Torah, esprit = Kabbale), et se propose de dépasser le cadre strictement confessionnel du judaïsme pour embrasser l’universalité de cette pensée. Un réel exercice de funambule en haute altitude, oscillant entre les monts nommés « révélation » et « création », où le balancier se désigne comme « doute » et le filin « Sephiroth »….
Les piliers de la Kabbale : Dieu, les mondes, l’homme et le langage
A la fois philosophie et art d’interpréter (herméneutique), la Kabbale repose sur différents ordres de réalité « qui sont tous construits sur un même schéma et résonnent dans une même harmonie ».
Le premier de ces différents ordres, c’est la manifestation divine,
le second, c’est la structure des mondes,
le troisième, c’est la structure de l’âme humaine,
et le quatrième c’est la structure du langage.
Ce quatrième ordre trouve son acmé dans la prière et la gematria (étude des valeurs numériques des mots et des phrases). Le langage (et la prière) apparait ainsi comme un élément incontournable pour favoriser la réconciliation des trois ordres qui le précédent : l’homme, les mondes et Dieu.
« Pour atteindre l’âme, il faut passer par le corps »
Interviewé par Flavia Buzzetta (elle-même chercheuse et spécialiste en Kabbale chrétienne), Julien Darmon nous livre ici sa vision de la Kabbale. Une vision proche de celle de son enseignant Charles Mopsik (traducteur du Zohar en français), où « la magie, la théurgie et le gnosticisme » ne sont pas les angles d’approches privilégiés, mais bien plutôt celles du corps et du langage. « Le propre de l’homme, c’est le langage, et le corps de l’homme est aussi un langage » nous dit-il.
Un « mode de saisie du réel » passionnant, présenté d’une manière résolument pédagogique, qui a l’immense mérite de mettre à la portée de tous des considérations réservées habituellement aux seuls érudits !
Le Sefer Yetsirah, premier livre kabbalistique, fête son millième anniversaire. Souhaitez-vous, à votre tour, « recevoir » un fragment de cette fulgurante pensée ?