Peindre l'Invisible : spiritualisme et matière dans la critique d'art du XIXe siècle
« Alors que le matérialisme sévit, la magie se lève… » affirmait Huysmans dans « Là-bas », en 1891. Une parole prophétique ? Bref retour en arrière : depuis les années 1850, le réalisme s'impose dans les arts : peinture, littérature, poésie. De jeunes artistes suscitent autant de curiosité que de scandales : on pense à l'Olympia (Manet), Un enterrement à Ornans (Courbet) mais aussi aux Fleurs du Mal (Baudelaire) ou à Madame Bovary (Flaubert)…
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Deux œuvres, devenues depuis des classiques de la littérature, mais qui ont choqué leur époque. Procès, etc. Nous étions en 1857.
Naturalisme, surnaturalisme (Edgar Poe) : la conception ancienne du Sujet et de son rapport au monde vont être totalement renouvelés.
Secouée par de multiples bouleversements politiques, et techniques, la société de cette époque va aussi découvrir la photographie, la psychanalyse et la neurobiologie de Charcot. L’Invisible devient tangible, les sens perceptifs se trouvent décuplés. Ces découvertes vont irriguer la subjectivité des artistes, structurer leur imaginaire et influencer leur approche de la lumière, des formes et couleurs.
Dès lors la critique d'art devient une arène privilégiée des débats qui font rage ; s'y orchestrent des réflexions et interrogations où s'opposent spiritualisme et matérialisme, et où se posent ces questions lancinantes : comment la matière, et la matière peinte particulièrement, peut-elle laisser transparaître et exprimer l'Invisible ?
En ce XIXe siècle de plus en plus positiviste : où souffle encore l'Esprit ? Une botte de carottes, peinte avec génie, peut-elle en être le réceptacle ?
Julie Anselmini explore ici ces débats et questionnements chez quelques grands écrivains-critiques d'art de cette période tels que Théophile Gautier, Charles Baudelaire ou Jules Barbey d’Aurevilly (cf. image du player, de gauche à droite).
Exposé issu du colloque : Raconter et montrer l'Invisible à la croisée de la littérature, des arts de la scène et du cinéma (1850-1930), août 2024.
Direction scientifique : Julie Anselmini, Yann Calvet et José Moure.
NB : les vingt premières minutes de cet exposé forment le mot d’introduction de ce colloque.
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Colloque réalisé avec le soutien de :
• UFR "Humanités et Sciences Sociales" (HSS) | Université de Caen Normandie
• Laboratoire "Lettres, Arts du Spectacle, Langues Romanes" (LASLAR - UR 4256) | Université de Caen Normandie
• Institut "Arts Créations Théories Esthétique" (ACTE - UR 7539) | Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
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