Vers une chrysalide du surréalisme ?
Il y a une centaine d’années naissait le mouvement surréaliste. Cette époque, marquée par des bouleversements politiques, économiques, culturels et idéologiques majeurs, fut le théâtre de passes d’armes entre hommes et femmes en butte avec la société de leur temps. A leur tête, il y avait les surréalistes et leur dessein insurrectionnel - tant intérieur qu'extérieur - a essaimé à travers toute la planète. Or depuis la mort d'André Breton en 1966 : que reste-il du surréalisme ? Quelle est sa prégnance dans le monde actuel ?
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Pour quelle raison l’adjectif "surréaliste" est-il devenu synonyme de "n’importe quoi" et ne retient-on des surréalistes que leur volet artistique en travestissant leur réelle visée politique, libertaire, en une sorte d'élégance sociale ou intelectuelle?
"Changer l’homme puis la société", "plus de réalité", "atteindre des réalités supérieures hors des limites de la raison" : sommes-nous dans la métaphysique ? La psychologie ? La mystique ? (En tous les cas rien de proche du "n'importe quoi"...)
Pour répondre à cette question, Michel Cazenave a réuni Patrick Lepetit, poète,Jean-Luc Maxence, éditeur, et Paul Sanda, directeur de la maison des surréalistes de Cordes-sur-Ciel.
Pour Paul Sanda, le surréalisme est un mode de vie qui contient des expressions diverses, voire opposées ; il y un Surréalisme, mais des surréalistes et c’est cette caractéristique protéiforme qui a donné lieu à autant de foire d’empoignes entre surréalistes et d’incompréhension de la part du grand public.
Pour Patrick Lepetit, le surréalisme serait comparable à un ordre initiatique "sans mur ni fenêtre… " se situant dans l’héritage direct de l’Illuminisme, du Romantisme allemand et du Symbolisme … et dont les racines plus anciennes pourraient être celles du celtisme, du culte de la déesse Mère, ou de l’esprit de la Nature.
Jean-Luc Maxence nous invite lui à une relecture du surréalisme: "à partir du moment où une école n’est plus une école, c’est là que cela devient intéressant…lorsque l’on peut tuer les "ismes" et remonter à la source de l’inspiration des Breton, Benjamin Péret, Charles Jameux, Bernard Roger, Paul Eluard... "
Pour notre époque qui est caractérisée par un faible engagement idéologique au profit du consensus mou, petit-bourgeois, uniforme, et où même les révolutionnaires actuels (du moins ceux que les médias nous laissent apercevoir) ressemblent à des bobos en culotte courte, et en cela, ils sont les fidèles héritiers du grand carnaval de Mai 68..., quel testament ces hommes nous ont-ils laissé ? A quand une relève digne de ce nom…?
Une table ronde de 50 min, filmée au Forum 104, que nous dédions à la mémoire de Sarane Alexandrian qui nous a quitté il y a deux ans.